L'ombre d'Athènes : l'image de la cité et de son peuple chez les géographes, les historiens et les biographes grecs du Haut Empire

The shadow of Athens : the idea of the city and its people in the greek geographical, historical and biographical writings of the High Empire

• Auteur / Autrice : Estelle Oudot
• Direction : Suzanne Saïd
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Études grecques
• Date : Soutenance en 1996
• Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

Depuis les oraisons funebres de l'age classique, athenes est un objet privilegie de l'eloge. Nous avons choisi de confronter cette vision rhetorique a la representation d'athenes dans les textes qui, au contraire, ne la prennent ni pour objet ni pour cadre. En premier lieu, nous avons etudie des textes de nature geographique (vues aeriennes du monde habite, descriptions pays par pays) auxquels nous avons associe les oeuvres d'historiens de l'empire romain (appien, dion cassius). Il etait legitime d'attendre un reflet de l'athenes contemporaine. Or, la place de la cite est a dessein reduite a l'extreme et son role dans l'histoire politique de rome n'est nullement souligne par ces auteurs grecs. A sa place, nous decouvrons une image de l'athenes du passe. Corollairement, nous avons etudie les textes qui s'interessent au passe de la grece pour lui-meme (biographies d'intellectuels dues a philostrate, vies de ''personnages h istoriques'' composees par plutarque et arrien). Pas plus que nous n'avions de vision contemporaine d'athenes, nous n'avons ici de vision unifiee de l'athenes historique. Chaque auteur, en effet, recompose sa propre image de la cite en fonction du projet litteraire qui est le sien. Parmi les valeurs incarnees par athenes, il choisit celles qui sont propres a servir sa strategie litteraire. Ainsi, a travers athenes, on affirme la permanence d'un modele. Mais ce modele n'est operant que parce qu'il cristallise en quelque sorte les conceptions nouvelles de l'hellenisme propres a l'age imperial. L'athenes du passe est decrite en des termes authentifies par la tradition litteraire, mais leur signification a change. L'athenes de thesee et de pericles est une athenes romaine.

Since the funeral orations of the classical period, athens has always been a matter of praise. We tried to compare this rhetorical approach with the picture we find in works which, on the opposite, do not take the city neither as subject nor as frame. Firstly we studied greek geographical writings, which give their perception of the inhabited world (strabo, dionysius the periegete among others. . . ) and works of greek historians of the roman empire (appian, cassius dio). We could expect some view of the contemporary city (new buildings, new features of its social life. . . ). But the city is not depicted. Moreover, its place in the description of the imperial world is intentionally minimized as well as the part the city played in roman history. Instead these works emphasize the athens of the past. Thus we studied literature which takes interest in the greek history : intellectual biographies (philostratus, the life of apollonius of tyana, lives of the sophists) and historical biographi es (plutarch and the anabasis of arrian). We do not find a uniform picture of historical athens. Every author, indeed, seems to choose some of the athenian values, stamped by literary tradition, so that he can make use of them purposefully in his own works. So historical athens of theseus or pericles, athens, city of the sophists or of the philosophers, becomes a literary place, revisited by the new conceptions of hellenism in the imperial age.