L'image et le diaphane : contribution à une phénoménologie de la lumière
Auteur / Autrice : | Anca Vasiliu |
Direction : | Jean-Luc Marion |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1996 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Résumé
Pour definir la perception sensorielle, platon (dans le timee), ainsi qu'aristote (dans les traites de anima et de sensu), utilisent tous les deux, bien que de maniere differente, un terme commun : diaphane. Ils entendent par le diaphane la condition sine qua non de la vision, point de la parfaite rencontre du rayon visuel et de la luminosite emanant de l'objet (selon platon), ou milieu necessaire a la manifestation de la lumiere, dans lequel l'objet du regard devient proprement visible (selon aristote). Le terme choisi par les auteurs antiques designe la nature propre de l'intervalle ou s'accomplit effectivement la vue, par la mise en jeu de deux conditions reunies : la presence de la lumiere et la visibilite imaginale de l'objet. Pour les auteurs antiques et medievaux l'image, dans son statut et sa condition (a la fois comme objet sensible et projection noetique) est en effet determinee par le concept de diaphane. C'est principalement dans le contexte de la definition des facultes sensorielles qu'apparait le diaphane. Il exprime en fait plus largement toute espece d'intervalle, milieu ou intermediaire entre deux genres ontologiques distincts, lesquels, bien qu'ils ne soient pas contradictoires, ne peuvent communiquer a travers la distance qui les separe qu'a l'aide d'un terme moyen present effectivement entre eux. Le diaphane incarne, grace a son etantite ambivalente, la nature propre de cet intervalle de la mediation, et le role effectif de l'intermediaire. Il participe a la fois d'une dimension lumineuse immaterielle (sur le plan de la cosmologie) et d'une dimension physique, en tant que nature commune de toutes les choses, sur le plan ontologique. La noetique aristotelicienne ouvre un troisieme champ d'application au diaphane. Lie a l'activite de l'intellect-agent et a la definition de l'ame comme topos des images eidetiques, le diaphane trouve alors sa place comme intermediaire de la connaissance entre le domaine des intelligibles et celui des sensibles.