Écriture et philosophie dans le ''Troilus'' de Chaucer
Auteur / Autrice : | Florence Bourgne |
Direction : | André Crépin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglaises et nord-américaines |
Date : | Soutenance en 1996 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Le Troilus de Chaucer fourmille d'allusions à la Consolatio de Boece, traduite simultanément. Sa réception insiste sur les qualités de traducteur de Chaucer, et le qualifie de philosophe. Ce qualificatif est replacé dans le contexte de la philosophie mediévale, au large champ d'application et à l'enseignement oral, favorisant l'instauration de figures d'autorité, dont les oeuvres sont commentées. Les gloses contenues dans les manuscrits du Troilus se répartissent en ''titres courants'', marques dialogiques, notation généalogiques et mythologiques, calquant les commentaires universitaires. L'influence de la consolation sur le Troilus est essentiellement structurelle, mais les insertions d'éléments boeciens constituent un mode de réécriture particulier, qui doit être examiné a la lumière des débats contemporains de Chaucer entre nominalistes et réalistes (Chaucer était lié d'amitié avec un ancien logicien oxonien). Cette intrusion de la philosophie dans l'écriture soumet la littérature à l'oralité, alors même qu'elle tente de s'en détacher. La technique de traduction dont Chaucer use dans Troilus et sa politique de néologismes l'incluent dans le mouvement de traduction dit Translatio Studii défendant le vernaculaire. Chaucer prétend traduire du latin et non du florentin : l'accent est mis la translatio, transfert spatial et chronologique du savoir. Chaucer, soucieux d'établir un corpus de ses oeuvres, s'inscrit dans la droite ligne de Dante ou Machaut. Cependant, le narrateur du Troilus se fait moinillon, et les références aux livres ne parviennent pas à degager l'écrit de sa dépendance envers l'oralité.