Essai d'une lecture de la Critique de la raison dialectique de Jean-Paul Sartre
Auteur / Autrice : | Atsuko Ubukata |
Direction : | Hélène Védrine |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1996 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Etude de la critique de la raison dialectique, l'un des deux ouvrages philosophiques majeurs de Sartre, bien qu'insuffisamment valorisé, cette thèse en propose une lecture à la fois rapprochée et dynamique afin de démêler sa complexité conceptuelle et retrouver sa signification pratique. Elle s'organise en deux parties, adoptant deux approches différentes de ce monument de la philosophie du sujet transposée à l'horizon de l'histoire. Dans la première partie nous abordons quelques uns des textes antérieurs, posthumes ou publies du vivant du philosophe, dans la mesure où ils témoignent de la longue gestation au cours de laquelle les idées-clés de la critique se sont progressivement élaborées. Au terme de ces analyses génétiques, la lecture de la critique en elle-même, dans la seconde partie, vise à décomposer la structure "polylogique" du livre afin d'y dégager les différents arguments que Sartre oppose à la dialectique hegelienne, au marxisme et à la phénoménologie husserlienne pour élaborer une nouvelle dialectique comme fondement de la rationalité historique. Ce double examen montre comment, par une série de réinvestissements, Sartre fait des héritages phénoménologique, marxiste et hegelien une dialectique à la fois matérialiste et égologique, totalisatrice et détotalisatrice, étrangère à l'homme et originaire de la liberté humaine. Réaffirmant l'intelligibilité de tout phénomène anthropologique contre la représentation déterministe et "théologique" de l'homme par lui-même, Sartre exalte la rationalité dialectique comme fondement de l'auto-détermination chez chaque individu et chaque communauté. Nous entendons attester ainsi la validité de ce rationalisme éthique et non-prescriptif dans le monde d'aujourd'hui et évoquer simultanément sa limite quant à une interrogation portant sur la genèse du sujet rationnel moderne, inséparable de la naissance des "autres", question dès lors posée à la philosophie post-Sartrienne.