L'armée turque et la pénétration allemande à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle
Auteur / Autrice : | Osman Dogramaci |
Direction : | François Luchaire |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 1996 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Résumé
Contrairement a l'idée largement répandue dans la littérature historique occidentale de l'après-première guerre mondiale, la succession de missions et d'attachés militaires prussiens et allemands durant près de quarante ans au sein de l'Empire ottoman, n'a pas abouti à une totale mainmise de l'ambitieux Reich sur la politique et les institutions du vieil empire, qui se délabre et se démembre progressivement. Et c'est ce qu'entend prouver cet ouvrage. Car s'il est vrai qua la montée rapide et agressive de l'implantation militaire russo-allemande a quelque raison d'inquiéter les puissances européennes colonialistes que sont la France, l'Angleterre ou l'Italie, c'est davantage la brutalité de la modification des rapports politico-économiques qui paraît menaçante a l'égard de leurs intérêts nationaux. En cela, il faut certes concéder que la rapidité de l'expansion économique allemande est largement due à la conjugaison efficace de tous les agents diplomatiques et commerciaux, amplement soutenus par les militaires dépêchés sur place. Néanmoins, trop de facteurs tant psychologiques que politiques, en particulier au plan interne, empêchent les structures autant que les hommes du vieil Empire ottoman de se soumettre a l'''étranger'', à cet allemand qu'ils n'aiment guère (autoritaire, méprisant), qu'ils ne jugent pas toujours de bon conseil (voir les échecs de la guerre des Balkans), et dont ils constatent les contradictions et les incohérences (conflits entre civils, diplomates, et officiers de haut rang). Si le sultan Abdul-Hamit fait largement appel aux techniciens militaires du Kaiser, ce n'est que dans le but de préserver encore un peu son immense territoire en voie de désintégration et d'instaurer un précaire équilibre entre les rivaux européens dont il tirera - ou tentera de tirer - profit, sans jamais s'en laisser imposer par ces ''conseillers'' pour le moins intéressés. La révolution jeune turque, quant à elle, trop nationaliste et trop irritée par les humiliations du passé et les ingérences étrangères, ne saurait non plus accepter une domination militaire allemande, empêtrée dans une confusion politique croissante et un violent maelstrom fait de poussées nationalistes, de revendications territoriales et culturelles, de conflits internationaux, préludes a la conflagration mondiale.