Thèse soutenue

Les grèves dans le textile vosgien (1848-1921)

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Auteur / Autrice : Christian Poulet
Direction : Henri Hatzfeld
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Nancy 2

Résumé

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L’activité gréviste dans le textile vosgien entre 1848 et 1921 se caractérise par un niveau nettement et durablement plus faible que la moyenne du textile français, et par une forte tendance défensive, à l'inverse de la tendance nationale. Cette modération s'explique par la prédominance d'une tradition ouvrière attachée à la paix sociale, rejetant la lutte de classes. Cette tradition se comprend par des intérêts communs forts unissant patrons et ouvriers, dépassant les divergences. Les deux groupes sociaux sont généralement originaires de la même région, laquelle était, avant l'industrialisation, très pauvre. L’agriculture de montagne ne pouvait, à elle seule, subvenir aux besoins. L’activité complémentaire du filage et tissage du chanvre et du lin s'avérait déjà indispensable. L’industrie a alors été perçue comme une possibilité de sortir de la misère. Une multitude de petites entreprises familiales, disséminées dans les vallées, furent créées, répondant aux aspirations de tous, bénéfiques pour tous. Un consensus s'est établi pour assurer l'essor de ces entreprises, chacun cherchant avant tout à éviter des différends qui porteraient préjudice à ces dernières. Le mécontentement ouvrier, et par conséquent le conflit, surviennent néanmoins lorsque le contrat moral est rompu, lorsque les ouvriers ont le sentiment que le patron délaisse les intérêts communs au profit de ses intérêts particuliers, et au détriment de ceux des ouvriers. La grève classique vosgienne n'est pas un moyen pour la classe ouvrière d'améliorer sa position dans la société, de changer ou renverser le système, mais un moyen d'alerter les pouvoirs publics pour faire respecter les règles ou les coutumes fixant les droits et les devoirs de chacun. Ne considérant pas le conflit comme un moment nécessaire des relations de travail, les ouvriers ne cherchent pas à s'organiser durablement. Néanmoins, leurs actions ne sont dénuées ni de stratégie, ni de résultats.