Des familles à l'abandon : l'abandonnisme familial en thérapie familiale psychanalytique
Auteur / Autrice : | Laurence Knera |
Direction : | André Ruffiot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie clinique |
Date : | Soutenance en 1996 |
Etablissement(s) : | Université Pierre Mendès France (Grenoble ; 1990-2015) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La notion d'abandonnisme familial vise a rendre compte d'un mode de lien, de fonctionnement et de souffrance qui s'etend a l'ensemble du groupe familial et a la lignee. En effet, l'hypothese principale qui oriente ce travail est que l'abandon est par essence conjugal, familial et transgenerationnel. C'est pourquoi je ne parle pas de familles d'abandonniques mais de familles abandonniques. Celles-ci semblent adherer a un projet et a un destin d'abandon et s'en defendre. Toute une famille partage ce vecu d'abandon, vit sous sa menace. Ce point de vue se fonde sur l'experience clinique de deux therapies familiales psychanalytiques et tend a montrer que l'abandon est un marqueur paradoxal du lien : un lien par la rupture traumatique qui assujettit le fonctionnement familial mais aussi la transmission transgenerationnelle. Les familles abandonniques realisent une perte de la dialectique qui structure tout lien : une oscillation rythmique entre l'etayage et la perte de l'etayage. Dans sa lutte contre les desordres de ''l'abandon'', elle trouve deux allies : le trauma et le masochisme. Le groupe familial s'emploie a instituer un etat d'alerte permanent qui finit par endommager le soi familial, le transnarcissisme. Le groupe mais aussi la lignee sont tenus a une economie de debordement traumatique pour lutter contre l'effondrement. Le trauma est ainsi compris comme un producteur de liens familiaux permettant de verifier la solidite et la resistance du lien. L'economie familiale masochique pourra soutenir (ou non) ce projet en devenant un masochisme panseur, gardien du lien. Le processus therapeutique de la therapie familiale psychanalytique permettra une reprise de la dialectique perdue du lien abandonnique, en retrouvant un equilibre vivant et instable entre la presence et l'absence, entre la crainte et le desir d'abandon.