Thèse soutenue

Les femmes dans la cite platonicienne : la republique et les lois

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Auteur / Autrice : Nathalie Ernoult
Direction : Nicole Loraux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Platon a sans doute ete l'un des premiers philosophes a rejeter, dans la republique, le determinisme biologique des sexes. , il n'y a, selon lui, aucun lien de causalite entre les differences de nature entre l'homme et la femme, et la position sociale de chacun des sexes dans la cite. A condition qu'elles soient formees et eduquees comme les hommes, les femmes de la republique pourront et devront exercer avec eux toutes les magistratures politiques de la cite, et sans aucune exclusive, meme celles qui ont trait a la guerre. En fin de compte, la difference des sexes n'est pas, pour platon, une difference constituee socialement. C'est une donnee purement biologique, sans incidence sur le comportement humain. Il semblerait que platon cherche a neutraliser les effets de la difference sexuelle pour construire un modele politique fonde sur la notion de l'anthropos et non sur celle de l'aner. Contrairement au systeme juridique de la cite athenienne et de celui de bien d'autres cites grecques, ou les femmes n'ont acces au droit que par la mediation des hommes, il semble bien que, dans les lois, elles aient une responsabilite juridique qui leur soit propre, et la possibilite de s'integrer, a leur facon, dans la vie politique et sociale de la cite. La justice immanente des philosophes est alors substituee par la justice impersonnelle de la loi, si bien que l'harmonie de la cite n'est plus garantie par la cohesion d'un petit groupe homogene, dirigeant l'ensemble de la cite, mais par l'institution d'une legislation ayant une valeur universelle, qui s'imposent a tous, que l'on soit homme ou femme, paysan ou magistrat, jeune ou vieillard. Apres avoir creer une cite "une" et indivisible, fondee sur l'amour de la science et de la verite, platon a sans doute voulu, avec les lois, imaginer une cite qui tiennent compte de la "multiplicite" des caracteres des individus, des institutions conventionnelles que sont la famille et la propriete privee et des conflits inherents a ce type de structure sociale. Platon ne prend pas "le parti des femmes", mais il leur donne un droit de cite sans precedent.