Thèse soutenue

Fonctionnement des sols sableux et optimisation des pratiques culturales en zone soudanienne humide du nord-Cameroun (expérimentation au champ en parcelles d'érosion à Mbissiri)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Zachée Boli Baboule
Direction : François Lelong
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la Terre
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Dijon

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR

Au nord Cameroun, du fait de la pression démographique, de l'introduction de nouvelles cultures et des pratiques culturales mal adaptées, on observe une baisse continue des rendements entrainant des migrations de population en cascades et une détérioration des ressources en sols et en eau. En effet, sur les sols sableux à faible pente (1 à 2,5%) de la zone soudanienne humide, l'intensification de la culture du cotonnier en rotation avec le maïs ou le sorgho aboutit aussi, après 10 à 15 ans de culture continue, à la baisse de rendements et au recours à la culture itinérante. Cette étude a pour objet une meilleure compréhension du fonctionnement des systèmes agro-pédo-climatiques, afin de prévenir la diminution des rendements sur les nouvelles terres et de restaurer la productivité sur celles qui sont déjà dégradées. Un suivi spatio-temporel des constituants, des organisations et du fonctionnement des sols a été effectue sur 57 parcelles d'érosion de 100 à 1080 m#2 pendant 4 ans à Mbissiri, sur une savane, une nouvelle défriche et une défriche dégradée par environ 30 ans de culture, pour quantifier 3 descripteurs de fonctionnement: ruissellement, pertes en terre et rendement. La pluviosité est très agressive pour le sol et pour la culture par les caractéristiques des pluies individuelles (pluie de fréquence annuelle = 90 mm ; imax5' = 180mm/h) ou par des séries de pluies. Elle entraine 4 principaux risques: érosion, battance, sècheresse et asphyxie racinaire. Les pratiques culturales déterminent les états de surface qui orientent le fonctionnement du système sol-plante-atmosphère et qui déterminent plus ou moins directement l'intensité du ruissellement, des transports et des pertes de terre et l'importance des rendements. Les pratiques culturales commandent ainsi les flux d'eau et d'air dans le sol et par là, prédéterminent les processus responsables de la production végétale et de la dégradation des sols. Ainsi, partant du système de culture vulgarise, base sur le labour, on observe que le dysfonctionnement intervient lorsque le sol est fragilise par le travail du sol et qu'il est laisse nu après le semis. Ce système permet une bonne production a court terme (1,5-2,5t/ha de coton graine et 4-5 t/ha de maïs grain) ; mais comme il favorise l'appauvrissement du sol, celui-ci devient très instable et très sensible aux risques de battance, d'érosion et de sécheresse. Le ruissellement (16-41%) et l'érosion (6-30t/ha/an) deviennent dangereux et affectent le rendement en réduisant le nombre de plants récoltes et en spoliant le sol de ses facteurs de fertilité. Les systèmes de travail réduit du sol avec une litière à la surface, réduisent fortement le ruissellement (0,3-9%) et l'érosion (1-4t/ha/an). Mais leur forte infiltrabilité induit, à l’ occasion des séries de pluies, une asphyxie des racines et secondairement, une indisponibilité en nitrates. Le rendement peut alors baisser de plus de la moitié de celui du labour conventionnel. Une fertilisation azotée adaptée a la pluviosité et les semis précoces permettent de minimiser ce risque. Entre le labour conventionnel et les systèmes de travail réduit, le paillage d'un labour montre des ruissellements annuels variables (2,6-32%), des pertes en terre modérées (3-5 t/ha/an) et des rendements peu différents de ceux du labour classique. L'enfouissement du fumier n'a pas montre d'amélioration nette sur le ruissellement et les pertes en terre au bout des quatre années ; mais il améliore spectaculairement le rendement si l'érosion n'est pas forte. Les sols dégradés se caractérisent par une forte instabilité a l'eau et une compacité élevée. On les remet en conditions de productivité optimale en les stabilisant, soit par une jachère de courte durée, de préférence améliorée a l'aide d'une légumineuse de couverture, soit en les recouvrant d'une litière après un labour profond accompagne d'une incorporation d'un bon fumier. En définitive, les systèmes de travail du sol réduit sous litière apparaissent comme la principale base du développement d'une agriculture durable dans la savane soudanienne humide. Mais pour disposer des résidus de culture nécessaires aux semis précoces, il est indispensable que les pratiques pastorales évoluent en même temps. Les questions de l'intégration de l'agriculture et de l'élevage, ainsi que la gestion sociale des feux et des pâturages se situent ainsi au-delà des simples préoccupations techniques