Thèse soutenue

Sujet et langage : contribution à la poétique de Jules laforgue (1860-1887)

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Auteur / Autrice : Henri Scepi
Direction : Jacques-Philippe Saint-Gérand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2

Résumé

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Tout entière placée sous le signe d'une inlassable quête de l'originalité, et affiliée aux principes recteurs d'une esthétique d'inspiration philosophique et scientifique, l'oeuvre poétique de Laforgue vaut avant tout par son aptitude à poser le sujet créateur dans une situation critique par rapport à la question du langage et au problème subséquent de l'expression. En effet, réfutant une à une les thèses qui affirment dogmatiquement le primat de la clarté, du bon goût et du beau temporel, Laforgue avance l'hypothèse d'une esthétique en devenir qui inscrit au centre de ses préoccupations la nécessité d'inventer une langue idiosyncratique. Certes, une telle postulation rejoint l'impératif de modernité de la génération ''décadente'' mais elle recoupe aussi le champ de la théorie linguistique du 19e, laquelle s'emploie à problématiser, selon 2 axes distincts, la position du sujet parlant dans l'épaisseur de la langue. Aussi, sa démarche poétique reflète-t-elle 2 postures apparemment contradictoires : d'une part est revendiqué le droit à la subjectivité plénière et à l'autonomie poétique, principes ordonnateurs du discours ; d'autre part, un large crédit est accordé aux doctrines, héritières de Darwin et prolongées par Hartmann, qui asservissent le sujet à l'hégémonie d'une évolution qui le transcende et le dépasse. Mais ces 2 perspectives trouvent à se concilier dans l'élaboration d'une poétique qui entend s'enrichir des apports et des accidents de l'empire comme de l'incessant mouvement de la vie. Dès lors, le discours individuel circonscrit le milieu d'une rupture et assigne à la parole une fonction radicale de contestation qui met en péril aussi bien les poncifs et les conventions du langage poétique que les structures inertes de la langue. C'est donc à l'examen des conditions de possibilité d'un style, à une époque donnée, que nous invite l'oeuvre poétique de Laforgue