Thèse soutenue

Histoire de la savate, du chausson et de la boxe française : de ses origines populaires à sa pratique sportive (1797-1967)

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Auteur / Autrice : Jean-François Loudcher
Direction : Gilbert Andrieu
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences biologiques et médicales. Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives
Date : Soutenance en 1996
Etablissement(s) : Bordeaux 2

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Ce travail a comme projet de retracer l'évolution d'une pratique de combat de percussion, la boxe française, depuis ses origines populaires, au début du XIXè siècle, jusqu'à sa transformation en pratique sportive de compétition après la deuxième guerre mondiale. Le problème est de comprendre pourquoi cette activité doit attendre si longtemps pour recevoir un statut de pratique compétitive. L'absence du hors-combat (KO) et par conséquent du ''combat'', en boxe française empêche cette transformation. Or, la discipline ne peut donner lieu à un spectacle sportif fondé sur la compétition, car sa spécificité pied-poing l(oblige, soit à accepter une lutte à outrance, soit à être réglementée. Ainsi, il faut remonter aux origines de l'activité pour tenter de comprendre comment elle a évolué entre ces deux grands registres. Plusieurs ''modèles'' de pratique ont été identifiés. Le premier qui peut être caractérisé précisément est celui de la savate ancienne qui émerge entre 1820 et 1830. Il est peut-être issu des ''duels à mort'' à mains nues. En tous les cas, ses représentants les plus célèbres, Michel dit Pisseux et L. Leboucher, privilégient une pratique rude et tournée vers l'autodéfense. ''Inspiré'' par le précédent, un deuxième ''modèle'' apparaît, dans les années 1840, sous l'influence des frères Lecour. Mais il se distingue du premier par sa finalité hygiénique : il met en avant la force musculaire, la ''simplicité'' et surtout, il se pratique dans des locaux spacieux. Ces critères lui valent d'être qualifié de ''modèle'' Gymnastique. A la moitié du XIXe siècle, la vogue des pratiques corporelles profite aux spectacles donnés par les saltimbanques. Ces derniers développent une forme de boxe fondée sur le caractère spectaculaire des coups de pied ainsi que sur les défis. Cependant, la période est de courte durée et laisse le champ libre aux frères Lecour et à l'apparition d'une pratique particulière dans l'Armée nommée ''modèle'' de Joinville. L'origine de ce dernier (1872) est obscure, mais les raisons de son existence sont claires. Il faut, par l'exercice en ligne et dans le vide, discipliner les jeunes recrues. Ce ''modèle'' connaît une certaine popularité et se perpétue jusqu'au XXe siècle dans les différentes institutions. Parallèlement, se met en place le monopole académique des Charlemont. Joseph, le père, assimile les ''modèles'' antécédents, il promeut une pratique fondée à la foi sur une idée de santé, une forme gymnastique et trouve une justification dans l'autodéfense. Mais ce ''modèle'' ne peut lutter contre l'apparition des combats de boxe anglaise et périclite malgré une tentative entreprise, entre autre, par les frères Leclerc, pour valoriser le combat en boxe française. Il faut attendre véritablement les années 1950 pour que cette tendance prenne forme. En effet, l'académisme évolue, depuis le début du XXe siècle, vers une forme courtoise de l'assaut. Elle permet la pratique de la boxe française selon deux tendances : la première repose sur les valeurs de l'académisme, en particulier ''l'esthétique'', et la deuxième autorise l'engagement physique du boxeur. Mais la question des compétitions oppose les deux courants de plus en plus nettement. Celui issu de l'académisme profite d'un contexte politique et social favorable et prend le contrôle national de la boxe française par l'intermédiaire de l'Université et de l'Ecole entre 1960 et 1790. Cette hégémonie lui permet de promouvoir un modèle éducatif de compétition, tandis que les adeptes du combat réagissent à ce monopole et opèrent une scission en créant une nouvelle Fédération. L'étape ultime verra s'établir un compromis entre les deux courants et produira un nouveau ''modèle'' de combat sportif à la fin des années 1970. En définitive, l'histoire de la ''sportivisation'' de la boxe française est celle d'une dialectique constante entre, d'une part une pratique qui met l'accent sur la qualité de la relation pugilistique et, d'autre part une tendance qui favorise une finalité combative. L'institutionnalisation de la discipline permet de résoudre cette opposition par la mise en place d'une réglementation qui autorise la recherche du KO selon des techniques compatibles avec la logique du combat et certaines qualités académiques de la discipline.