La voix sacrée : fonction du poète dans la Grèce archaïque et le domaine indo-européen
Auteur / Autrice : | Hubert Laizé |
Direction : | Jacques Bompaire |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études grecques |
Date : | Soutenance en 1995 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Outre les trois fonctions indo-européennes de souveraineté, de force et de prospérité, une quatrième fonction, celle de la parole, sert d'armature aux trois précédentes, fonctions d'administration. Celle-ci a pour rôle de célébrer l'harmonie constituée par les trois autres ; elle en est ainsi un élément, parce que la beauté poétique ne relève pas de l'art pour l'art, mais est au service d'une idéologie : le chant se chante aussi lui-même comme porteur des valeurs qu'il célèbre : harmonie, concorde, véracité, ordre, mesure. Cela à l'époque archaïque, d'Homère aux guerres médiques(en y incluant Sophocle, comme transmetteur de mythes plus anciens) où toute oeuvre d'une certaine portée est composée en vers : oeuvres de divers genres poétiques proprement dits, scientifiques, philosophiques, morales, politiques, et aussi les oracles. La poésie a une fonction cosmique : reflet du cosmos (exercée par Apollon lui-même chef de divers choeurs féminins), elle le couronne et le protège ; enfin elle le révèle par les procédés de l'inspiration, de la transe, de l'anamnèse, donc indirectement : une dialectique doublement verticale (de l'Olympe aux régions souterraines puis, en remontant, vers les hommes) empêche une révélation immédiate ; Apollon peut aussi utiliser comme intermédiaire des animaux ou des hommes élus, enivrés ou aveuglés pour devenir voyants. La portée sociale de cette quatrième fonction arbitrale et engagée apparaît dans des textes grecs, védiques,celtiques et scandinaves à trois ou quatre termes : la fonction vocale encadre les trois fonctions traditionnelles, s'y entrelace mais aussi s'introduit dans chacune, exprimant l'essentiel de l'idéologie indo-européenne.