Le chant de la mort en Corse
Auteur / Autrice : | Marie-Joseph Arrighi-Landini |
Direction : | Marc Jimenez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1995 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Résumé
Le Voceru, lamentation funèbre corse, ne peut s'étudier indépendamment du rite dont il est indissociable. Véritable drame, ce rite souligne le rôle essentiel de la voceratrice, l'interprète toujours féminin du Voceru, et révèle le statut de la femme dans la société corse. Il montre les limites de ses droits, de ses devoirs et de ses pouvoirs, limites qui éclatent alors, offrant un espace de liberté tellement inhabituel qu'il en prend une dimension magique. La voceratrice devient un être à mi-chemin entre le monde des vivants et celui des morts, une messagère. La magie qui émane d'elle doit beaucoup au caractère particulier du Voceru qu'elle improvise en grande partie et dont l'étude formelle et symbolique apporte des éléments de réponse à l'étrange attirance qu'il a toujours suscitée. Mais l'originalité de ce chant ne se situe pas dans son statut de lamentation funèbre, réponse que de nombreuses sociétés ont apportée à la douleur engendrée par la mort. Inscrit dans une tradition euro-méditerranéenne, le Voceru peut être abordé par une approche des rites et des chants funèbres de cultures antiques puis contemporaines à lui, qui révèlera ses particularités. En voie de disparation dans l'essentiel du monde moderne, ces expressions de la douleur, pourtant fondamentales dans le travail du deuil, doivent trouver un écho dans les sociétés contemporaines. Ainsi, peut-on observer en Corse, des reliefs du Voceru, dans les évènements rituels contemporains, qui lui assurent une sorte de pérennité et permettent cette catharsis imposée par le deuil et la mort