Thèse soutenue

Cadres biostratigraphiques et paléoécologiques du peuplement humain dans la France septentrionale durant le Pléistocène : apports de l'étude paléontologique des grands mammifères du gisement de Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais)

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Auteur / Autrice : Patrick Auguste
Direction : Henry de Lumley
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Terre, océan, espace
Date : Soutenance en 1995
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Philippe Taquet, Alain Tuffreau, Léonard Ginsburg, Claude Guérin, Paul P. A. Mazza, Marylène Patou-Mathis, Adrian Lister

Résumé

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L'analyse paléontologique de plus de 220 000 restes osseux et dentaires de grands mammifères provenant du gisement paléolithique moyen de Biache-Saint-Vaast a permis d'attribuer anatomiquement et spécifiquement plus de 20 000 vestiges appartenant à vingt espèces. Ces animaux sont représentés par plusieurs centaines d'individus repartis au sein de la séquence stratigraphique et archéologique du gisement. C'est l'aurochs (b. Primigenius) qui est l'espèce la mieux représentée, suivi par l'ours brun (u. Arctos) et le rhinocéros hemitoechus (d. Hemitoechus). Une reconstitution du cadre écologique des occupations humaines à Biache à l'aide de quatre approches méthodologiques montre que celles-ci s'effectuent durant deux phases tempérées entrecoupées d'un épisode froid ; le climat est plus continental que l'actuel, le milieu caractérisé par une mosaïque de sylvo-steppes. L'analyse du stade évolutif de certains taxons et les associations fauniques permettent de proposer un âge saalien moyen pour la totalité de la séquence archéologique, en contemporanéité avec le stade 7 soit entre 245 000 et 190 000 ans. La révision des faunes provenant des gisements paléolithiques de la vallée de la somme a été effectuée afin de replacer le gisement de Biache au sein d'un système de terrasses fluviatiles cohérent et géographiquement proche ; la carrière boutmy-muchembled à Montieres présente ainsi des faunes sub-contemporaines de celles de Biache dans un complexe climatostratigraphique équivalent. La comparaison avec d'autres séries fauniques provenant de gisements situes en France septentrionale et en Europe du nord-ouest confirme l’âge saalien pour la séquence de Biache, ainsi que sa contemporanéité avec le stade 7 ; les paramètres écologiques mis en évidence dans tous les cas examines sont récurrents en fonction des variations climatiques cycliques ; la succession des associations mammaliennes est enfin apparu comme fournissant une échelle biochronologique fiable. Une discussion sur les aspects théoriques et pratiques des méthodes biochronologiques nous a permis d'exposer notre conception du cadre biostratigraphique, ainsi que de l'emploi de biozones et d'un système climatostratigraphique définis. La faune de Biache s'inscrit bien au sein de l'unité mammalienne caractéristique de la zone 24 correspondant au saalien. L'étude des paramètres écologiques de tous les gisements pris en compte nous amene a remettre en cause la conception trop actualiste et l'emploi du modèle biogéographique holocène pour interpréter le cadre écologique pléistocène. Le modèle de la steppe a mammouth nous apparait plus proche de la réalité observée en Europe du nord-ouest durant le pléistocène, avec la présence d'un biome sans équivalent actuel et naturellement diversifie permettent d'expliquer la grande biodiversité de cette période. Ces interprétations nous amènent à émettre l'hypothèse d'une occupation humaine presque continue en Europe du nord-ouest, durent les périodes tempérées et glaciaires