Elections et modernisation politique : cas des élections municipales sous la Monarchie de Juillet
Auteur / Autrice : | Christine Guionnet |
Direction : | Pierre Rosanvallon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 1995 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
Trop souvent ignorées, les élections municipales instaurées sous la Monarchie de Juillet mobilisent un corps électoral beaucoup plus large qu'au niveau législatif - presque trois millions d'electeurs -, et appellent aux urnes des électeurs parfois très modestes en milieu rural. Ces élections ne permettent pas pour autant l'apprentissage d'une modernité politique consistant en un vote individuel, libre et réfléchi, intervenant dans le cadre de débats pluralistes. Un approfondissement de la notion d'''archaïsme politique'' des campagnes conduit à réhabiliter le schéma d'un électeur libre et à insister sur l'irrecevabilité du pluralisme politique au sein de communautés refusant tout principe de division. En outre, l'idée d'un apprentissage de la politique présuppose la diffusion progressive de la modernité politique des villes vers les campagnes. Or les villes constituent un berceau incertain de la modernité politique : si le pluralisme partisan y est certes présent, il est mal accepté, et conçu comme provisoire. Il n'apparaît pas comme nécessaire à une vie démocratique, car la politique n'est elle-même pas pensée comme une sphère de l'institution permanente du social fondée sur un principle fondamentalement individualiste. L'adoption d'une approche anthropologique de la modernisation politique, consistant à étudier les conceptions sociales au fondement des pratiques observées, conduit donc à repousser l'idée d'un apprentissage progressif de la modernité politique lié à une évolution corollaire des pratiques et des conceptions sociales. Fruit d'un ensemble d'interactions incontrôlées, chaotiques, voire inadmissibles - par rapport aux conceptions de l'époque - entre des volontés individuelles, des projets gouvernementaux et des conceptions sociales, la modernisation réside davantage.