La forêt comtoise de la conquête française à la révolution : (1674 - fin du XVIIIème siècle)
Auteur / Autrice : | François Vion-Delphin |
Direction : | Maurice Gresset |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1995 |
Etablissement(s) : | Besançon |
Mots clés
Résumé
L'annexion de la Franche-Comté à la France (traité de Nimègue, 1678) mit fin à une longue tradition de liberté forestière marquée par un accès très généreux à la forêt et par l'absence d'une administration capable de faire appliquer des règlements souvent judicieux. Des 1692, avec la création du réseau des maitrises, et 1694, avec l'introduction de l'ordonnance de Colbert, un nouvel ordre forestier fut impose à la province conquise. L'application effective de ces décisions ne fut assurée qu'entre 1694 et 1760, d'abord dans les forêts royales (1717-1741), puis dans les immenses forêts communales. Bousculant les usages locaux et transformant complètement les rapports entre l'homme et la forêt, elle fut à l'origine de vives tensions avec les institutions traditionnelles (parlement) et de vigoureuses réactions de la population sous la forme d'une délinquance forestière accrue, pouvant même aller jusqu'à la révolte ouverte comme en 1765 autour de la forêt de Chaux. Le régime de l'ordonnance ne fut en réalité jamais accepté et les cahiers de doléances de 1789 réservent une large place aux regrets d'un ''âge d'or forestier'' idéalisé et mythifié. Cette mutation n'empêchera pas le maintien d'une réelle spécificité comtoise aux aspects multiples. L'application de l'ordonnance fut, au-delà des conflits, un facteur d'intégration au royaume. La forêt demeurait une composante majeure de la vie locale, tant pour les communautés que pour le souverain, et devenait un puissant facteur d'industrialisation. Le paysage était marqué par un taux de boisement important (plus de 25%), une présence massive des chênes et des hêtres, malgré une poussée des résineux dans la montagne après 1750. Malgré les abus du début du siècle, le nouvel ordre forestier fut globalement positif pour la province.