Rôle des ripisylves dans la réduction des pollutions azotées diffuses en milieu fluvial : [thèse en partie soutenue sur un ensemble de travaux]
Auteur / Autrice : | Charles Ruffinoni |
Direction : | Gilles Pinay |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Écologie |
Date : | Soutenance en 1994 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Résumé
Les capacites de retention et de recyclage des nutriments deposes par les eaux de crues dans une ripisylve sont liees aux processus d'erosion/sedimentation et d'engorgement des sols. La geomorphologie des sites, conditionne quantitativement et qualitativement la sedimentation des matieres en suspension et des nutriments. Ainsi nous avons pu determiner que sur des zones riveraines sableuses, le recyclage de l'azote est deux fois moins important que sur des sites a depots limoneux. Les ripisylves ne peuvent donc etre considerees comme des systemes homogenes. En fait, les sites a depots de sediments fins agissent comme des puits car ils accumulent les nutriments deposes pendant les crues. Par contre, les sites a sedimentation grossiere agissent comme des sources en relargant des nutriments pendant les periodes hautes eaux. L'importance de la denitrification microbiologique est aujourd'hui bien demontree dans les 10 premiers cm du sol. Sur des profils de 2m, nous avons observe que seuls les 60 premiers cm pouvaient etre le siege de denitrification dans des sols alluviaux, alors que l'azote est present en tres grande quantite dans les eaux de nappe sous-jacentes. Les extractions de granulats dans le lit mineur et les abondants pompages agricoles en ete font considerablement baisser le niveau du fleuve donc de sa nappe d'accompagnement limitant l'engorgement des sols et par consequent l'activite denitrifiante. Nous avons egalement evalue les capacites des ripisylves a retenir directement les nitrates qui circulent dans la nappe phreatique sous-jacente. Il est apparu que ce prelevement est fortement soumis a l'hydrologie du site et au type de couvert vegetal en place. Nous avons mis en evidence que les melanges d'eau nappe/fleuve sont la principale cause d'exportation des nitrates en milieu alluvial. En effet, ils peuvent atteindre 95% en hautes eaux et sont en moyenne compris entre 25% et 60% sur l'annee. Toutefois, dans la zone riveraine, une jeune ripisylve est capable de prelever en moyenne 0,38 g d'azote/m#2/j soit 38 fois plus qu'une prairie paturee, 25 fois plus qu'une jeune peupleraie, 2 fois qu'une peupleraie mature placee sur un site eleve, et, 1,5 fois plus qu'une peupleraie mature placee dans un secteur plus bas. Si les ripisylves peuvent reduire significativement les apports de nitrates provenant des terrasses adjacentes, elles n'ont pas d'effet notable sur les flux d'azote transitant dans le fleuve. Il convient donc de promouvoir aussi la rehabilitation et/ou le developpement de boisements a l'amont des reseaux hydrographiques si l'on veut lutter efficacement contre la pollution azotee diffuse