Effets anti bêta-adrénargiques cardiaques de l'amiodarone : Implication d'une action antagoniste sur les hormones thyroïdiennes
Auteur / Autrice : | Yalin Yin |
Direction : | Gérard Perret |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et moléculaire |
Date : | Soutenance en 1994 |
Etablissement(s) : | Paris 13 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'amiodarone est un médicament antiarythmique dont la structure est similaire à celle des hormones thyroïdiennes et qui possède par ailleurs des propriétés anti -adrénergiques. Les manifestations cardiaques de l'amiodarone rappellent les symptômes cardiaques de l'hypothyroïdie. Pour ces raisons, il a été suggéré que le mécanisme d'action cardiaque de ce médicament, en particulier son effet anti –adrénergique, pourrait être relié à ses effets anti-thyroïdiens. Le but de ce travail est de vérifier l'hypothèse que le mécanisme de l'effet anti -adrénergique cardiaque de l'amiodarone implique un antagonisme entre ce médicament et les hormones thyroïdiennes. Nous avons étudié la relation entre les effets de l'amiodarone sur les récepteurs adrénergiques cardiaques et ses effets sur la sécrétion, le métabolisme et l'action au niveau du tissu cardiaque des hormones thyroïdiennes. Les modèles expérimentaux que nous avons utilisés sont le rat euthyroïdien, le rat thyroïdectomisé et le myocyte cardiaque d'embryon de poulet en culture. Les paramètres mesurés sont la densité et l'affinité des récepteurs -adrénergiques cardiaques, la fréquence cardiaque, la contractilité et les paramètres thyroïdiens. Les résultats principaux sont: (1) l'amiodarone diminue la densité des récepteurs -adrénergiques et la fréquence cardiaque, uniquement chez les rats euthyroïdiens. Ces effets sont indépendants d'une action sur la sécrétion et le métabolisme des hormones thyroïdiennes. Ils disparaissent lorsque la concentration sérique des hormones thyroïdiennes est trop basse. L'amiodarone peut inhiber l'effet positif de la t3 sur les récepteurs -adrénergiques et la fréquence cardiaque; (2) l'amiodarone diminue la densité des récepteurs -adrénergiques et la réponse inotropique positive à l'isoprenaline sur les myocytes cardiaques cultivés uniquement en présence de t3; (3) la courbe effet-concentration de la t3 sur les récepteurs -adrénergiques des myocytes cardiaques est biphasique. Ces deux phases sont inhibées différemment par l'amiodarone. Cette inhibition est complexe et ne correspond pas à un antagonisme compétitif ou non compétitif. L'effet de la t3 sur les récepteurs -adrénergiques implique donc des mécanismes différents aux concentrations physiologiques et supra-physiologiques. L'effet négatif de l'amiodarone sur ces récepteurs est du à son antagonisme sur l'effet de la t#3 au niveau cellulaire. Le mécanisme de cet antagonisme est complexe, il implique probablement des effets génomiques et non génomiques. Une bonne compréhension du mécanisme des effets cellulaires anti-t#3 de l'amiodarone pourrait permettre: 1) d'améliorer son utilisation thérapeutique; 2) de découvrir une autre famille de médicament utilisable dans le traitement de l'hyperthyroïdie; 3) de mieux comprendre le mécanisme d'action des hormones thyroïdiennes