Effet antidopaminergique de l'amisulpride sur la reponse prolactinique in vitro et in vivo. Etude de la stereoselectivite
Auteur / Autrice : | VERONIQUE TAVERNIER |
Direction : | D. GOURDJI |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences médicales |
Date : | Soutenance en 1994 |
Etablissement(s) : | Paris 6 |
Résumé
L'amisulpride est une benzamie substituee pouvant adopter deux conformations distinctes s(-) et r(+). Cette benzamide est un antipsychotique utilise pour le traitement des formes chroniques de la schizophrenie. Comme la plupart des neuroleptiques, elle est egalement hyperprolactinemiante. L'amisulpride agit de part ses effets antidopaminergiques impliquant notamment les recepteurs de type d2. Or les recepteurs d2 des cellules lactotropes de l'antehypophyse sont impliques dans le controle inhibiteur de la fonction prolactinique. On pouvait donc faire l'hypothese que l'interaction de l'amisulpride avec ce type de recepteurs pourrait rendre compte de l'hyperprolactinemie observee in vivo. Ce travail avait pour objectif de tester cette hypothese a l'aide de modeles in vitro et in vivo et d'evaluer les effets respectifs du racemate et de chacun des enantiomeres. Il a necessite la mise au point de deux modeles de cultures primaires permettant soit de traiter les cellules antehypophysaires dans un milieu statique chimiquement defini, soit de perifuser en continu les cellules precultivees sur des microporteurs. Une methode de dosage immunoenzymatique de la prolactine a egalement ete elaboree. Dans un premier temps, nous avons caracterise les effets de l'amisulpride seul ou combine a la dopamine sur des reponses a court terme, c'est a dire relatif a la regulation de la liberation de l'hormone. Dans un deuxieme temps, nous avons etendu l'analyse aux reponses a long terme, par une etude de l'expression du gene de la prolactine par northern blot et dot blot, d'abord in vitro puis in vivo en reponse a l'amisulpride seul ou combine a la bromocriptine, un agoniste dopaminergique classique. L'ensemble des resultats recueillis indique que: l'amisulpride presente, in vivo comme in vitro, une action antidopaminergique tres efficace vis-a-vis du ligand naturel, la dopamine, comme de la bromocriptine. De plus, la reversion des inhibitions dopaminergiques s'exerce a tous les niveaux testes: la liberation aigue de prolactine, la production hormonale a long-terme et l'expression du gene de la prolactine. En outre, les resultats mettent en evidence une enantioselectivite fonctionnelle de l'amisulpride s(-) sur la fonction prolactinique in vivo, comme dans les cellules antehypophysaires en culture. Les resultats des experiences conduites in vitro demontrent l'existence d'une action antidopaminergique directe de l'amisulpride sur l'antehypophyse. Cet effet est detectable en quelques minutes comme apres quatre jours de traitement combine. Malgre l'heterogeneite cellulaire des primocultures utilisees, on peut admettre que cette interaction s'exerce au niveau des recepteurs dopaminergiques de type d#2 des cellules lactotropes. Par ailleurs, ces experiences indiquent aussi l'existence d'un certain echappement, inattendu, de la reponse prolactinique a l'activite antidopaminergique de l'amisulpride lors de cinetiques a tres court-terme et sur l'expression du gene de la prolactine entre le troisieme et le quatrieme jour. Les mecanismes cellulaires et moleculaires mis en jeu sur ces deux types de reponse ne sont pas necessairement les memes. Enfin, l'amisulpride est depourvu d'action propre in vitro, a court terme comme a long terme. Ceci implique que la stimulation de la prolactinemie et celle de l'expression du gene de la prolactine observees in vivo, resultent d'une interaction avec la dopamine endogene. La confrontation de l'ensemble des observations suggere de plus que l'action hyperprolactinemiante de la benzamide resulte de ses effets antidopaminergiques centraux et antehypophysaires