Etude de la tolerance au soi dans un modele de souris transgeniques pour le lysozyme du blanc d'uf de poule (hel). Influence de la hierarchie des differents peptides du hel. Caracterisation du repertoire t anti-peptide immunodominant chez les souris normales et transgeniques
Auteur / Autrice : | JEAN-PIERRE CABANIOLS |
Direction : | M. BRULEY-ROSSET |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences biologiques et fondamentales appliquées. Psychologie |
Date : | Soutenance en 1994 |
Etablissement(s) : | Paris 6 |
Résumé
Afin d'etudier la tolerance immunitaire aux peptides d'une proteine du soi secretee, nous avons produit une lignee de souris transgeniques pour le lysozyme du blanc d'uf de poule (hel). Nous avons choisi cette petite proteine de structure biochimique connue, non toxique in vivo car elle a ete bien etudiee sur le plan immunologique. L'adnc codant pour le hel est place sous le controle du promoteur d'un gene de maintenance. Ce promoteur permet l'expression precoce et ubiquitaire du produit du transgene pendant la maturation du repertoire des cellules t dans le thymus. Le niveau d'expression de la proteine transgenique varie de facon importante d'un individu a l'autre de la lignee tg-hel, tout en restant constant chez un meme sujet. De ce fait, l'etablissement de la tolerance t aux differentes categories de peptides derives du hel a pu etre etudie en fonction d'une large gamme de concentrations seriques en tolerogene. Nous avons montre que la tolerance au hel est controlee par le peptide id du hel. Pour ce qui est des peptides sd, des reponses t proliferatives sont observees chez les animaux qui ont des concentrations seriques en hel pouvant aller jusqu'a 100 ng/ml. De plus, il existe une hierarchie, car l'abolition de la reponse au peptide sd 1-18 survient pour des quantites de hel circulantes plus faibles que celles necessaires a l'elimination de la reponse t au peptide sd 74-96. Lorsque la concentration serique en hel des souris tg-hel est inferieure a 2 ng/ml, des lymphocytes t specifiques du hel peuvent persister. Nous avons montre que ces cellules t auto-reactives, bien qu'incapables de reconnaitre le peptide id minimum 108-116, sont specifiques de peptides plus longs de la region id 102-122 du hel. Ces resultats nous permettent de conclure que: 1. L'induction de la tolerance a une proteine du soi secretee est un phenomene quantitatif ; 2. La hierarchie observee dans l'immunogenicite des differents peptides du hel (103-117>>1-18>74-96) est retrouvee dans leur pou voir tolerogene ; 3. Il existe une relation inversement proportionnelle entre la reponse aux peptides et le niveau d'expression du hel chez les souris tg. Nous avons donc a notre disposition un modele experimental, dans lequel il est possible de caracteriser le repertoire de cellules t reagissant contre un peptide du soi et de le comparer au repertoire des cellules t specifiques de ce meme peptide lorsqu'il est etranger. Lors de la reponse t anti-hel chez les souris non-tg, nous avons montre l'emergence du rearrangement vbeta8. 2-dbeta1. 1-jbeta1. 5 de la chaine beta du tcr. Il est present chez toutes les souris non-tg immunisees, mais n'est jamais retrouve chez les souris tg-hel, meme chez celles qui expriment moins de 2 ng/ml de hel serique. Chez ces dernieres, le repertoire de la chaine beta du tcr anti-peptide id est constitue de plusieurs combinaisons vbeta-jbeta differentes pour chaque individu. De meme, chez les souris non-tg, en plus du rearrangement principal, il existe en reponse au peptide id d'autres combinaisons vbeta-jbeta variables d'un animal a l'autre et differentes de celles observees chez les souris tg-hel. Il ressort de notre etude que: 1. La reponse t, specifique d'un peptide etranger, comporte un rearrangement public et plusieurs combinaisons privees ; 2. La reponse t, specifique d'un peptide du soi, n'est plus constituee que par des rearrangements prives differents de ceux observes chez les souris non-tg. Ces resultats suggerent en outre que chez les souris tg-hel qui expriment moins de 2 ng/ml de hel serique, les clones t de haute affinite specifiques du peptide id minimum ont ete elimines. Seuls subsistent des clones t de plus faible affinite, capables de reconnaitre des peptides plus longs de la region id du hel. Chez les animaux tg-hel, il existe un etat de tolerance qui n'est pas altere par l'existence de clones t auto-reactifs, specifiques des peptides id ou sd. Cependant, la persistance de tels clones pourrait etre a l'origine de pathologies auto-immunes