Thèse soutenue

La querelle du pur amour entre Fénelon et Bossuet : enjeux spirituels, théologiques et philosophiques

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Auteur / Autrice : Michel Terestchenko
Direction : Pierre Magnard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1994
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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La querelle du pur amour qui opposa, entre 1697 et 1699, Fénelon et Bossuet ne peut être limitée à ces deux prélats éminents de l’Église de France, ni à cette seule période de la fin du Grand Siècle. Non seulement elle impliqua les plus importants théologiens et philosophes de France et d’Europe, tels Malebranche, Leibniz ou Pierre Nicole, mais encore elle traversa tout le siècle faisant l'objet de controverses bien plus anciennes, ainsi celle qui opposa entre 1639 et 1642 Jean-Pierre Camus, l’évêque salésien de Belley, au père Antoine Sirmond. Cette inscription de la controverse de l’amour désintéressé de Dieu dans l’histoire religieuse du XVIIe siècle, depuis Saint François de Sales est le premier thème de notre étude. L'analyse des enjeux de la querelle montre qu'elle se situe sur un triple plan : spirituel, théologique et philosophique. 1)La doctrine spirituelle de l'oraison et de la contemplation que développe Fénelon le rattache à la grande tradition mystique espagnole du XVIe siècle et eckhartienne du XIVe siècle, et, par-delà, à la spiritualité de la théologie négative de Denys l’Aréopagite. La doctrine de Fénelon de l’état d'abandon uniforme en Dieu se présente, en outre, comme une version occidentale de la spiritualité ''hesychaste'' des pères du désert et de Jean Cassien, en particulier. 2)Sur le plan théologique, la doctrine de l'amour de Dieu qui est indépendant du désir du salut est, aux yeux de Fénelon, la seule conciliation possible entre le devoir d'aimer Dieu et le dogme de la prédestination, conciliation qui est impossible dans le système eudémoniste de Bossuet. 3)Sur le plan philosophique, la séparation de l'amour de Dieu du désir du salut et de la recherche du bonheur en fait la première critique de l’eudémonisme qui traverse toute la tradition philosophique. . .