Thèse soutenue

L'étranger paradoxe de l'universel : analyse du discours politique révolutionnaire sur l'étranger de la Fédération à Thermidor

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Auteur / Autrice : Sophie Wahnich
Direction : Michel Vovelle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 1994
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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''Il faut que vous fassiez une cité, c'est à dire des citoyens qui soient amis, qui soient hospitaliers et frères. '' déclare Saint-Just le 26 germinal an II. Au revers de cet appel au lien civil trois décrets pris par la convention soulignent la position paradoxale de l'étranger pendant la révolution française. Le premier pris le 6 septembre 1793 exclut les étrangers nés en pays ennemis et instaure une surveillance accrue pour les autres. L'hospitalité est alors retournée en suspicion. Le second pris le 6 nivose an II, exclut les étrangers du droit de représenter le peuple français. Anacharsis cloots, l'un de ces étrangers exclus est guillotine au côtés d'Hébert, chef de file de la faction dénommée ''faction de l'étranger''. L'amitié témoignée aux étrangers s'est retournée contre ces derniers accusés de trahison. Enfin le 7 prairial an II, un décret réclame la guerre à mort contre le peuple anglais : désormais ''il ne sera fait aucun prisonnier anglais ou hanovrien. '' la fraternité internationale est ainsi retournée en exclusion radicale. Les anglais sont accusés de crime de lèse-humanité. L'analyse du trajet théorique et thématique qui mène à l’énonciation par les révolutionnaires de ce troisième décret permet de saisir la nature du paradoxe de l'étranger pendant la révolution française. Allégorie de l'université de l'humanité dès 1790, l'assemblée nationale est hospitalière aux révolutionnaires étrangers et constitue entre raison et émotion un sens commun à visée universaliste. Cependant si peut ainsi naitre un dialogue international, l'étranger ne peut s'inscrire dans l'espace public français en tant que citoyen. La clôture de la souveraineté nationale qui s'opère le plus souvent dans un climat de véritable xénophobie, serait en effet la garantie de l'invention d'une universalité politique constituée non par l'avènement d'une république universelle mais par la mise en œuvre de relation…