Les manifestations de rue en France : 1918-1968
Auteur / Autrice : | Danielle Tartakowsky |
Direction : | Antoine Prost |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1994 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Résumé
La manifestation de rue n'est pas un droit constitutionnel, non institutionnalisée, elle acquiert tardivement un statut juridique, n'a pas d'espace attitré et, longtemps, pas de vocable spécifique. Cette pratique dont l'usage est rarement formalisé, minoritaire, antinomique au système parlementaire et sans statut est pourtant répandue (15000 manifestations recensées de 1918 a 1968) et permanente (sous l'Occupation y compris). Son extension sociale, politique et géographique est presque sans rivage et elle a su s'imposer comme routinière autant que capable d'infléchir, à l'occasion, le cours de l'histoire nationale. C'est de ce paradoxe qu'il s'agit de rendre compte. La manifestation, comprise comme le subits tut de modes de sociabilité en déclin, relève de l'anthropologie. Mais elle est d’abord et avant tout un objet politique, surdéterminé par le rapport que la Révolution française entretint avec la rue et unifiée par le système politique par et dans lequel elle s'est constituée. Elle est un rapport entre une multiplicité d'éléments, une interaction nécessaire entre les cultures populaires, l'histoire nationale, celle des organisations et des pratiques institutionnelles et se donne à ce titre pour une voie d'accès pertinente pour l'étude des cultures politiques. La thèse étudie son processus de ''nationalisation'' puis de ''naturalisation''. Elle montre comment cette forme d'action codifiée exprime l'intégration des forces qu'elle organise à la culture nationale, comment elle a su s'imposer comme un élément de régulation du système politique ou de certaines crises sociales, progressivement pris en compte et ''digéré'' par le régime mais, à terme, le modifiant. Elle y voit le substitut symbolique à la révolution dont la perspective évanouie ne peut plus fonctionner comme mythe social mobilisateur.