Satire et déguisement : l'élaboration d'une variation sur un même thème langagier dans Antonio's Revenge, Antonio and Mellida, The Malcontent et The Fawn de John Marston (1576-1634)
Auteur / Autrice : | Paul-Éric Morillot |
Direction : | Pierre Danchin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglaises |
Date : | Soutenance en 1994 |
Etablissement(s) : | Nancy 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Jugée âpre, la satire du dramaturge John Marston (1576-1634) est souvent perçue à travers son masque railleur, le Malcontent. Vision réductrice que cette étude réfute en inscrivant le travestissement dans un processus transformateur allié au langage. La première partie montre comment, fusionnant flatterie et raillerie, le troisième quarto de The Malcontent (1604) réalise une satire fondée sur l'appréciation de l'auditoire. Décalque de The Malcontent, The Fawn (1605) ordonne par le rire les pièces qui la précèdent : dès Antonio and Mellida (1599) et Antonio's Revenge (1600), Marston joue sur la perception et la distance, créant un système bâti sur un dynamisme spéculaire. La seconde partie étudie le langage et la flatterie comme reflets conscients de cette dualité, thème devenant intégrateur et donnant du sens au masque, emblème du mot impur. Objet et révélateur de ses impostures, il devient mode d'appréhension du monde. L'approche de ce thème est double, Marston réussissant par un jeu d'ambivalence à montrer que le verbe sait métamorphoser le réel tout en lui niant cette capacité, et à questionner la théorie platonicienne. Langage et pouvoir sont voisins, confirmant le bien-fondé d'une structure ou machiavels et malcontents deviennent frères, vecteurs de la fracture de la Renaissance en quête d'unité et d'identité. La troisième partie montre que, axée sur un stoïcisme chrétien, pétrie de souffrance "positive", parodie de la revanche, la morale de Marston est écartelée entre un idéal de l'action et de passivité dont les implications se réverbèrent sur la nomination des personnages. Rappelant que le masque manifeste, par son existence, la nécessité d'action, voire de compromission, la dernière oppose le malcontent à ses contemporains : positif et théâtral, il anticipe, par son esprit, le théâtre de la Restauration. Mais, en même temps l'inverse de Shakespeare, il se raccroche aux valeurs de l'Ordre et de l'Unité.