Le discours des mères martiniquaises : Etude sociolinguistique
Auteur / Autrice : | Christian March |
Direction : | Jean-Baptiste Marcellesi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique |
Date : | Soutenance en 1993 |
Etablissement(s) : | Rouen |
Mots clés
Résumé
Le créole, premier marqueur identitaire, et le français, langue officielle, cohabitent sur le marché linguistique martiniquais. L'enquête sociolinguistique a recueilli les déclarations (discours épilinguistique) des mères des couches sociales dites défavorisées afin d'approcher le système discours attitude représentation identité qui est en interaction avec le comportement réel des locuteurs. Les résultats montrent que l'idéologie du conflit cède du terrain à une perception pragmatique du capital linguistique disponible dans le cadre de ce bilinguisme spécifique (diglossie). La valorisation sociale du créole et la francophonie progressent parallèlement. La compétence de communication est liée à une identité créole plurielle : sur le plan de la performance, cela a abouti à un métissage linguistique complexe transcendant les frontières grammaticales. L'acquisition du créole serait garantie par son omniprésence dans le milieu familial et social ; aussi les mères ciblent-elles le français pour leur progéniture (règle sociolinguistique intériorisée). Le but est de favoriser le bilinguisme et la réussite scolaire et sociale. Les enfants s'approprient aujourd'hui deux langues maternelles, alors que bon nombre d'intellectuels et d'idéologues attribuent aux ''gens du peuple'' la seule langue créole.