Rhétorique et littérature : le ''lieu commun'' à la Renaissance, ''sive de grandiloquentia''
Auteur / Autrice : | Francis Goyet |
Direction : | Jean Céard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres |
Date : | Soutenance en 1993 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Résumé
L'expression ''lieu commun'' ou ''lieu communs'' a une polysemie considerable de 1515 a 1700 environ : une douzaine d'acceptions, qui se repartissent en un sens i (l'amplification oratoire d'un grand principe), un sens ii (le recueil classe par rubriques) et un sens iii (les lieux ''tout court'' de la topique, definition, description, etymologie, etc. ) l'enquete a delimite l'importance relative des trois sens. L'essentiel est le sens i, analyse dans les deux premieres parties. L'analyse du de inventione de ciceron montre que le lieu commun ou ''indignatio'' est le sommet de l'eloquence : par exemple contre le parricide en general. C'est le moment du movere. L'indignation insuffle son emotion irresistible ou ''sublime'' au discours tout entier, et lui donne ainsi sa coherence. Au xvie siecle, c'est a melanchthon que l'on doit l'importance accordee aux lieux communs. Le reformateur allemand y voit le moyen de transmettre une bonne doctrine. D'ou ces titres de lieux communs pour designer par excellence des sommes theologiques a usage militant, contre les catholiques. Melanchthon critique l'aimahble fourre-tout des compilations erasmiennes, et donne l'exemple d'une indexation methodique (cf. Ramus) et d'analyses de discours non moins methodiques. ''lieux communs'' en vient ainsi a designer des tentatives d'ordre encyclopedique. Mais on est passe du movere au docere, de la conviction a la transmission des ''verites'', des normes. Une longue analyse du pour milon de ciceron tente ainsi de mesurer la force et la faiblesse de l'analyse de ce discours par melanchthon.