La connaissance philosophique et la connaissance prophétique chez Avicenne
Auteur / Autrice : | Fatmé Soueidan Al-Daghaghmeh |
Direction : | Jean Jolivet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1993 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Ce travail a pour objet d'apporter la lumière sur l'analyse qu’Avicenne donne des thèmes majeurs de la religion : l'essence de dieu, ses attributs, la création du monde, le rôle de l'ange, l'origine de l'homme et son retour à dieu et, enfin, la réalité même de la prophétie, ses fondements, ses fins. . . En effet, par son caractère divin et révèle, la connaissance prophétique incite le philosophe à assumer son rôle, en tant que détenteur d'une connaissance rationnelle qui doit avoir à se prononcer sur des réalités, dont la perception relevé de l'ordre du surnaturel. A partir de là, la grande question serait de savoir si la connaissance dont se réclame le philosophe est capable d'expliquer les thèses professées par les religions, et dans quelles limites elle doit les approuver ou les désapprouver. Pour Avicenne, la prophétie n'est qu'un cas typifie de la perfection de l'intelligence humaine, de la faculté imaginative chez l'homme et ses puissances motrices. Sa nécessite réside dans le fait qu'elle contribue à préserver l'ordre du monde, à favoriser une justice sociale, a reformé la vie morale des hommes, en les incitants à suivre la voie de la vertu. Elle suppose néanmoins deux réalités, l'une ésotérique réservée à l’Elite, et l'autre exotérique qui est la lettre et le sens apparent de la religion, et adressée à la masse des croyants. Puisqu'il en est ainsi, il appartient au philosophe de ramener la réalité prophétique a son origine, c'est-à-dire a son sens vrai, donc à faire de l'exégèse selon ses propres normes. C'est que, pour Avicenne, qu'il soit prophète ou philosophe, l'homme puise sa science a la même source, à savoir celle de l'intelligence agente, le donateur des formes qui est l'ange de la révélation qui instruit le prophète sur les choses cachées, de même qu’ (il inspire les saints et les philosophes, en raison d'un flux nécessaire et permanent, qui n'est autre chose que la manifestation d la vérité émanant du très haut. Ce très haut, le dieu des religions, le dieu créateur a qui revient toute chose, est aussi le dieu des philosophes, source de lumière et bien pur, il crée par ce qu'il pense son essence et ce qui fait suite à son essence, non pas selon ce mode libre dont parlent les religions, mais selon un mode nécessaire et déterministe. . . Etant ainsi, le dieu d’Avicenne ne saurait retenir la manifestation de sa vérité sur tout sujet capable de la recevoir, et donc personne ne peut faire a priori l'objet d'un choix divin. C'est dans cette perspective que l'homme chez Avicenne est appelé a reconnaitre son essence, en tant que substance angélique qui doit retourner à son origine, de même que les religions enseignent la résurrection des hommes et leur rassemblement devant dieu. Mais pour réaliser ce retour, l'homme doit allier science et vertu, en un effort qui mobilise toutes les facultés intellectuelles et pratiques de l’âme humaine, et qui trouve dans les actes cultuels recommandés par les religions, un moyen de purification de son âme, pour la préparer à assumer son salut.