L'idée de bonheur dans la littérature suméro-akkadienne
Auteur / Autrice : | Brigitte Lion |
Direction : | Dominique Charpin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1993 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Résumé
Les sources utilisées sont des tablettes cunéiformes portant des textes littéraires en sumérien et en akkadien, datant du troisième au premier millénaire av J. -C. La condition première du bonheur humain est l'accord avec la volonté divine. Les souhaits individuels portent sur le désir de laisser une descendance, principal moyen de se survivre dans des civilisations qui attendent peu de l'au-delà. Secondairement, la recherche du bien-être matériel a son importance. Le cadre familial et social dans lequel l'individu souhaite s'intégrer harmonieusement montre la nécessité de vivre en collectivité : la solitude est toujours ressentie comme négative. Quelques belles descriptions de fêtes collectives, dans la concorde sociale, avec abondance et profusion de biens, témoignent de ces aspirations. Le bonheur est volontiers imaginé dans un passé lointain avec lequel il faut renouer en respectant la tradition, les joies du présent sont aussi appréciées, mais il n'y a guère d'intérêt pour l'avenir, qui fait peur. Le monde connu est le cadre spatial idéal de la réalisation humaine : la steppe effraye et les mondes lointains n'ont pas suscité d'utopies. Le bonheur divin est envisagé selon le même modèle que le bonheur humain, avec seulement deux différences : l'immortalité et l'oisiveté divines (les Dieux ont créé l'homme pour qu'il travaille à leur place). Les représentations les plus lointaines de ce schéma général se trouvent dans l'étude de quelques groupes sociaux particuliers, comme les soldats ou les nomades, qui développent une éthique parfois inverse aux idéaux présentés ci-dessus.