Stress, sérotonine et prise alimentaire
Auteur / Autrice : | Anne-Marie Souquet |
Direction : | Jeanine Louis-Sylvestre |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Médecine. Neurobiologie des comportements alimentaires |
Date : | Soutenance en 1993 |
Etablissement(s) : | Dijon |
Mots clés
Résumé
Les objectifs généraux de cette thèse étaient d’étudier le retentissement du stress chez l’animal (le rat) et l’Homme sur certaines réactions physiologiques, en ^particulier ses répercussions sur le comportement ingestif, et d’étudier le rôle et a place de la sérotonine (5HT) dans ces réponses afin de savoir dans quelle mesure un antagoniste sérotoninergique indirect, tel que la dexfenflumine, pourrait normaliser ces réponses. L’objectif de la première expérimentation était l’étude du retentissement de stress intenses sur le comportement ingestif et la réponse immune du rat. Quatre groupes de rat ont été soumis, selon un plan équilibré, à différents stress appliqués durant une période de 20 jours, ou laissés au repos et traités durant 28 jours par 5mg/kg jour de dexfenflumine (dFen) ou du placebo. Le stress et la dFen ont induit une diminution du comportement ingestif ainsi que de la masse corporelle avec sommation des effets. Le stress n’a pas modifié la réponse humorale contrairement à la dFen qui a légèrement, mais significativement, réduit le taux d’anticorps anti-globule rouge du mouton. Parallèlement, la dFen a réduit au 12ème jour l’hypersécrétion de corticostérone induite par le stress. Ces résultats mettent donc en évidence un effet protecteur de la dFen sur la réponse anticorticostéronique au stress, mais inversement une potentialisation de l’effet délétère du stress sur la prise alimentaire. L’objectif de la seconde expérimentation était d’étudier les effets de la dFen, en administration chronique, sur des préparations expérimentales de prise alimentaire stimulée. La dFen a été administrée à des rats, soit en sous-cutané par minipompe osmotique (3mg/kg/jour), soit en intro-péritonéal (1,5mg/kg/j). L’hyperphagie induite par le « tail-pinch » et celle induite par le test du dessert ont respectivement été réduites par 14 et 10 jours de traitement bien que de façon moins prononcée dans le deuxième cas. Ces résultats indiquent que la dFen conserve, en administration chronique, sa capacité à atténuer les effets hyperphagiants d’un stress de moyenne intensité. L’objectif de la troisième expérimentation était de rechercher si chez l’Homme le stress peut agir sur la prise alimentaire comme chez l’animal et d’en étudier les mécanismes neurochimiques. Des sujets normopondéraux, sélectionnés pour présenter une réponse végétative au stress, ont été soumis à des séances de 30 min de stress consistant en la réalisation de l’épreuve de Stroop. Malgré une réponse significative des fréquences cardiaques, respiratoires, des tensions artérielles systoliques et diastoliques et de l’adrénaline urinaire, le stress appliqué n’a pas modifié la prise alimentaire globale des sujets, ni leur choix macronutritionnel. Bien que cette absence d’effet sur la prise alimentaire n’ait pas permis de conclusions en ce qui concerne les mécanismes neurochimiques, la dFen (30 mg) a significativement réduit la consommation totale des sujets ainsi que celle des protides et des lipides. L’administration de naltrexone a été sans effet. La discussion générale précise la place de la sérotonine dans ces réactions et argumente l’intérêt potentiel de la dFen en administration chronique à l’égard de certains effets délétères du stress.