Amnésies diencéphaliques : dissociation fonctionnelle entre noyaux mamillaires et noyaux dorso-médians thalamiques
Auteur / Autrice : | Fouad Alaoui Bouarraqui |
Direction : | Robert Jaffard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences et pharmacologie |
Date : | Soutenance en 1993 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 1 |
Résumé
Les troubles de memoire observes dans le syndrome de korsakoff ont ete attribues a des lesions situees dans les structures diencephaliques, notamment le noyau dorso-median thalamique (md) et les corps mamillaires (cm). L'importance reelle de chacun de ces noyaux et/ou la necessite de lesions combinees pour induire une amnesie sont toujours discutes. Neanmoins, plus recemment, certains auteurs ont souligne la similitude entre les deficits des sujets korsakoff et les troubles resultant des lesions du cortex frontal. En effet, dans les deux cas, on observe une sensibilite exageree aux interferences, ainsi qu'un trouble de l'organisation temporelle des informations. Dans la mesure ou les sujets korsakoff presentaient outre des lesions diencephaliques des atteintes du cortex frontal, il a ete suggere que ces dernieres pourraient etre responsables de ce type de probleme. Nous avons voulu verifier si la lesion separee du md d'une part et des cm d'autre part pouvait entrainer des deficits similaires a ceux observes apres la lesion du cortex frontal. De plus, dans la mesure ou ces deux structures ont des afferences sous-corticales et des efferences corticales relativement differenciees, notre etude visait egalement a determiner si l'atteinte de chacune d'elles induit ou non des deficits differents. La premiere epreuve que nous avons utilisee est une epreuve de memoire spatiale realisee dans un labyrinthe radial automatise (huit bras). Deux protocoles ont ete utilises, l'un permettant l'etude de l'oubli, l'autre la sensibilite aux interferences proactives (ordre temporel des evenements). Dans le premier protocole, l'animal (souris balb/c) est force (phase de presentation) de visiter successivement deux bras; puis, de retour sur la plate-forme centrale, la porte du bras visite en premiere position (item-cible) et celle d'un bras adjacent non visite s'ouvrent simultanement (phase de reconnaissance). La souris doit choisir le bras non visite lors de la phase de presentation afin d'obtenir une pastille alimentaire (principe de non appariement retarde). La difficulte de la reconnaissance est accrue en augmentant (de 1 a 5) le nombre de visites forcees placees entre l'item-cible et l'epreuve de reconnaissance. Dans le second protocole, la souris est forcee de visiter successivement les 8 bras du labyrinthe (phase de presentation). L'animal doit ensuite reconnaitre entre l'item-cible toujours situe en 7eme position et un bras situe soit en 1ere, soit en 3eme soit en 5eme position. Le postulat de base est que plus la distance separant l'item-cible et le bras associe lors de la phase de reconnaissance est grande, meilleure sera l'identification du bras le moins recemment visite. La seconde epreuve utilisee est une epreuve de memoire procedurale utilisant un conditionnement operant alimentaire testee en boite de skinner. Les resultats obtenus montrent que la lesion des cm induit un deficit dans le premier protocole de la premiere epreuve mais non dans le second, alors que l'effet inverse (deficit dans le second protocole mais non dans le premier) est observe apres la lesion du md (double dissociation fonctionnelle). Dans la seconde epreuve, ni la lesion des cm ni celle du md n'induisent de deficit de memoire procedurale testee en boite de skinner. Ces resultats suggerent que les cm sont indispensables pour la conservation de l'information spatiale (memoire sensu stricto) alors que le md participerait a l'organisation temporelle de la sequence a memoriser (memoire temporelle). Ces donnees montrent que le md et les cm sont impliques dans des processus cognitifs distincts