''Institutrice, femme et mère'' : idées sur l'éducation des femmes grecques au XIXème siècle (1830-1880)
Auteur / Autrice : | Eleni Fournaraki |
Direction : | Michelle Perrot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1992 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Ce travail analyse le discours sur l'education feminine pendant les cinquante premieres annees de l'etat grec. Le climat liberal du soulevement national (1821), l'echo des lumieres, l'influence des philhellenes progressistes et l'ideologie dominante de rupture avec le passe oriental du ''despotisme et d'ignorance'' ont permis l'apparition d'un discours egalitaire prechant le droit des femmes a s'instruire. Bien que ce discours temoigne d'une volonte de faire evoluer les meres epouses ''des (futurs) citoyens libres'', l'instruction feminine est clairement percue comme differente par rapport a celle des citoyens. A partir des annees 1860, cette idee de la difference parait plus elaboree : suivant la pensee occidentale sur la ''specificite'' biologique-psychologique de la ''nature feminine'', on redefinit ''rationnellemnt'' la ''vocation'' sociale de la femme dans le prive; de meme, on tend a normaliser la specificite de l'instruction des femmes, ''pedagogues par nature'' et seules competences pour former la petite enfance. La demarche est ambivalente : au nom des ''qualites morales superieures'' de la ''nature feminine'', on valorise pour la premiere fois aussi intensement la mission sociale des femmes et meme leur droit a une instruction ''elevee'' et ''profonde'', mais en meme temps on construit l'ideologie de leur enfermement dans le prive et donc, en insistant sur les dangers du savoir pour la femme, on s'oppose vivement a un phenomene naissant dans les annees 1860 70 : la femme intellectuelle, la femme qui accede a la sphere publique a travers l'ecriture, domaine jusqu'alors reserve aux hommes.