La Ligue de l'enseignement et la République des origines à 1914
Auteur / Autrice : | Jean-Paul Martin |
Direction : | Jean-Marie Mayeur |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire du XXe siècle |
Date : | Soutenance en 1992 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Née en 1866, la Ligue de l'enseignement s'est installée progressivement dans le système politique de la Troisième République. Devenue organisation permanente en 1881, c'est après la mort de Jean Macé en 1894 qu'elle trouve sa vocation institutionnelle définitive sous la houlette de Léon Bourgeois puis de Ferdinand Buisson, en s'impliquant dans la défense de l'école publique qu'elle avait précédemment contribué à établir, et dans la promotion d'oeuvres laïques qui s'opposent sur le terrain aux oeuvres confessionnelles. Sa polyvalence, sa surface sociologique considérable (enseignants, bourgeoisie républicaine, notables politiques et administratifs, petit peuple laïque. . . ), son antériorité par rapport aux partis politiques, font de ce conglomérat associatif aux affinités maçonniques certaines (quoique non exclusives) un « corps intermédiaire de la république » à l'intersection de l'éducatif et du politique, un groupe de pression entre l'Etat et la société civile. Guidées par l'unanimisme républicain, ses prises de position dans le débat politique et la dynamique laïque révèlent sa fonction de synthèse, inégalement efficace selon les moments. D'abord dominée par les opportunistes, glissant dans l'orbite du radicalisme à la fin du siècle, elle penche à gauche après l'affaire Dreyfus, s'inscrit dans la vague anticléricale qui porte la « défense républicaine », est un thermostat idéologique à l'époque du « Bloc des gauches ». Après la séparation qui redistribue les cartes, elle apparait à la fois recentrée et plus écartelée entre l'évolution de la république « radicale » et la nécessité de défendre l'école contre les nouvelles attaques du clergé. En 1914, s'amorce un destin plus spécialisé. Véhicule de la culture anticléricale, soucieuse de faire coïncider l'école avec la république, la Ligue a pris une part importante à l'instauration de la laïcité française, en maintenant à celle-ci une orientation à la fois ferme et modérée, sans la confondre avec l'extrémisme antireligieux.