Thèse soutenue

La question de la représentation dans la littérature moderne : Huysmans-Proust, la réponse du texte aux mises en cause esthétiques

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Auteur / Autrice : Françoise Leriche
Direction : Julia Kristeva
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1991
Etablissement(s) : Paris 7

Résumé

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Ce travail a pour cadre le lien entre la littérature (et l'art) et la crise du sujet à l'aube du XXe siècle, et vise à montrer comment la révolution esthétique répond à une question à la fois éthique et épistémologique. La crise s'énonce chez Huysmans, dont il faut bien comprendre que le fétichiste Des Esseintes est déjà une caricature de la religion romantique de l'art, dont la quête du sens se révèle aporétique à une époque où l'art est devenu un objet de consommation, et que la religion a perdu son pouvoir. Proust, héritier d'un courant esthétique qui transite par Ruskin, Schopenhauer, Baudelaire et Huysmans, résout le problème de l'art comme révélations d'''essences'' lorsqu'il finit par formuler que l'art n'est pas une contemplation de ''pures idées'' mais un acte de production formelle, ne ''révélant'' rien d'autre qu'un style individuel. Pour Proust, l'art relève de la poétique, de sorte que les esthétiques métaphysiques se résolvent dans une nouvelle compréhension sémiotique, comme il apparait à l'étude des brouillons et manuscrits proustiens : c'est seulement en 1911-1913 que Swann devient le porte-parole des théories de musicales de Schopenhauer, lesquelles avaient précédemment été gardées pour le narrateur (lors de la révélation finale); c'est alors et alors seulement que Swann devient un ''esthète'', chargé en conséquence de tous les traits de l'esthétisme ''fin de siècle''. Cette révolution épistémologique est le fruit des réflexions de Proust sur sa propre pratique poétique. L'étude de ses particularités poétiques les plus novatrices (le fameux ''je'', la pratique de la citation politique, l'écriture du ''choc'') montre comment elles cernent la parole du sujet, et son implication profonde dans l'art et le langage. On mesure ainsi comment la démarche proustienne devance la réflexion contemporaine de la recherche universitaire et des théoriciens de l'art.