Qu'est-ce qu'un tableau? : essai sur la formation des images en Europe depuis Giotto
Auteur / Autrice : | Jacques Darriulat |
Direction : | Olivier Revault d'Allonnes |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1990 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Résumé
L'analyse iconologique du mariage des Arnolfini, par Jan Van Eyck, conduit à mettre à jour les trois dimensions constitutives du tableau : le spectaculaire, l'hallucinaire et l'origine. L'ordre spectaculaire pense l'acte fondateur : Giotto invente un espace d’illumination maximale - la ''majesté'' - où toute évidence est vérité. Perspective esthétique qui se définit par l'amplitude panoramique plutôt que par l'exactitude géométrique. De la mosaïque, par le vitrail jusqu'au tableau, il est possible de dénombrer les degrés de cette ouverture. Le revers hallucinaire offusque cet éclat : sur l'escamoteur de Bosch, qui sert ici de paradigme, le regard est déjoué par un piège latéral. La gloire de la majesté cède sous la pression des grotesques qui pullulent dans la périphérie et envahissent le centre. La rivalité hallucinaire s'apaise quand apparaissent les figures de la condensation : Diane la nymphe et Christophe le passeur. Alors s'ouvre l'espace illimité du devenir onirique. La première leçon d'anatomie, par Rembrandt, inaugure ce troisième mouvement. L'éclat du point de regard se dissipe et le tableau se fait le réflecteur de la durée. Ainsi se disposent des cohérences imaginaires susceptibles d'orienter l'érudition. Une légende médiévale éclaire d'un jour nouveau l'interprétation de l'escamoteur par J. Bosch et confirme l'appartenance du tableau à l' ensemble hallucinaire. Reste à énoncer la méthode : on montre comment, depuis le choc sensationnel de la rencontre, diffuse la signification depuis le point de fixation du signal, par l'ambivalence jamais apaisée du symbole jusqu'à l'ouverture métaphorique dont le signe est l'origine