Thèse soutenue

L'insuline est-elle athérogène? : contribution a l'étude des effets métaboliques et mitogènes de l'insuline sur la paroi artérielle

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Auteur / Autrice : Loïc Capron
Direction : Luc Picon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie et physiopathologie de la nutrition humaine
Date : Soutenance en 1989
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Des données expérimentales et épidémiologiques suggèrent qu'un hyperinsulinisme pourrait favoriser le développement de l'athérosclérose et de la macroangiopathie diabétique. Nous avons étudié les deux principaux arguments expérimentaux de cette ''hypothèse insulinique'' de l'athérosclérose. L'argument métabolique réside dans le fait que l'insuline stimule la synthèse de lipides par les couches internes (intima et média) de la paroi artérielle, tissu essentiellement composé de cellules musculaires lisses. Cette action lipogène de l'insuline a été démontrée in vivo, chez l'animal entier soumis à une hyperinsulinémie, et in vitro sur des cultures de cellules musculaires artérielles. Cependant, in vitro, le métabolisme de l'intima-média fraîchement prélevée n'est pas stimulé par l'insuline. Il existe donc un paradoxe que nous ne sommes pas parvenus à élucider : ni les forces hémodynamiques (présentes in vivo, mais absentes in vitro), ni le phénotype variable des cellules musculaires lisses (contractile dans une artère normale, mais synthétisant en culture de cellules ou dans une artère soumise à une agression mécanique) ne nous ont apporté une explication satisfaisante. Outre ce paradoxe, il n'est pas légitime, selon les conceptions présentes du développement de l'athérosclérose, d'assimiler une action lipogène artérielle à une action athérogène. L'argument mitotique réside dans le fait que l'insuline stimule la prolifération des cellules musculaires lisses artérielles, un événement actuellement considéré comme crucial au cours de l'athérogenèse. Cet effet mitogène de l'insuline n'a été rapporté que par certains auteurs utilisant des cultures cellulaires et employant généralement des concentrations supraphysiologiques de l'hormone. Nous l'avons étudié in vivo chez le rat normal et diabétique (streptozotocine) à la suite 'd'une lésion de l'endothélium aortique qui induit une forte réaction mitotique du muscle lisse artériel. Nous avons observé que dans ces conditions l'effet mitogène de l'insuline est faible et s'inverse, devenant antimitogène, quand une hypoglycémie est provoquée par l'hormone. D'après ces résultats et l'ensemble de ceux qui ont été publiés jusqu'ici, nous concluons que l'action athérogène de l'insuline n'est pour le moment pas démontrée solidement. L'association épidémiologique entre l'insulinémie et le risque artériel pourrait être indirecte, passant par des intermédiaires qui restent à identifier.