Thèse soutenue

La chasse à l'âme : essai sur le chamanisme sibérien à partir de l'exemple bouriate (Sibérie méridionale)

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Auteur / Autrice : Roberte Hamayon
Direction : Éric de Dampierre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie
Date : Soutenance en 1988
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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La thèse poursuit un double propos. L'un est l'étude anthropologique d'une population mongole de Sibérie, les bouriates du lac Baïkal, et leurs états de société dans le temps et l'espace. Basée sur plusieurs types de sources (archives coloniales russes, ethnographie soviétique, tradition populaire, enquête personnelle), l'étude met en lumière les différences entre idéologies de chasse (à l'ouest) et d'élevage (à l'est). L'autre propos est l'étude comparée du chamanisme sibérien en général, qui plonge ses racines dans l'idéologie de chasse. Chasse et chamanisme reposent sur une logique d’alliance, le chamane faisant symboliquement ce que le chasseur fait réellement. Sa raison d'être est la chasse à l'âme (ou âme-chair, substance qui est à l'âme-os de l’homme ce que la chair du gibier est à son corps : une nourriture). L'alliance dans la surnature assure sa légitimité (il épouse la fille de l'esprit du milieu nourricier qu'est le foret). Son comportement pendant la ''transe'' exprime qu'il rend la contrepartie de sa prise. L'âme-chair est une substance qui s'échange entre les mondes, l’âme-os une unité qui se réincarne au sein du même groupe humain de filiation ou de la même espèce animale. La pratique de l'élevage, qui s'accompagne d'une prévalence d'intérêt pour l'âme-os, fait verser le chamanisme dans une logique de filiation, et développe les activités de guerre et de cure. La nature initiale de l'action chamanique et les changements qui l'affectent lorsque la société ne vit plus de chasse incitent à proposer de définir le chamanisme comme une gestion de l'aléatoire.