De l'état légal à l'état de droit : l'évolution des conceptions de la doctrine publiciste française, 1879-1914

From the etat legal to the etat de droit. The evolution of the conceptions of the french public law doctrine ( 1879-1914 )

• Auteur / Autrice : Marie-Joëlle Redor
• Direction : Jean Combacau
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Droit public
• Date : Soutenance en 1988
• Etablissement(s) : Paris 2

Mots clés

Mots clés contrôlés

Droit et État

20e siècle

19e siècle

France

Primauté du droit

Résumé

Le regime de la troisieme republique est defini par carre de malberg comme le regime de l'etat legal car il organise le regne de la loi, votee par un parlement desormais elu au suffrage universel. Il se caracterise donc par la suprematie (au moins apparente) du parlement. L'etude de la doctrine publiciste entre 1879 et 1914 montre que celle-ci ne se satisfait pas d'un tel systeme puisqu'elle voit dans l'omnipotence parlementaire un danger plutot qu'une garantie. Cette remise en cause affecte les theories de la souverainete et celles de la representation. Les publicistes substituent progressivement a la theorie politique de la souverainete nationale celle, plus juridique, de la souverainete de l'etat. Ce deplacement relativise l'importance du corps electoral et du corps legislatif. Tous souhaitent limiter les effets du suffrage universel "inorganise" et restaurer l'equilibre des pouvoirs. Ayant perdu confiance dans les vertus de la loi et des garanties politiques de l'etat legal, ils cherchent dans le droit la possibilite de sauvegarder les valeurs liberales qu'ils estiment menacees par l'extension du suffrage. Le juge est promu au rang de garant essentiel des libertes et de l'ordre juridique. Les recours juridictionnels doivent assurer la securite des administres face a l'interventionnisme etatique et permettre le triomphe de la "vraie democratie", abstraite et juridique. Propose comme solution pour tous les conflits, le droit doit se soumettre la politique, vecue par les publicistes comme le regne de l'anarchie et des interets particuliers, reintroduire l'ordre et la rationalite dans une societe transformee par l'industrialisation. L'etat de droit se presente ainsi comme l'achevement de la revolution francaise et la condition d'effectivite du droit public qui lui donne les moyens de sa legitimite.

The third republic regime is defined by carre de malberg as the regime of the etat legal for it organizes the rule of the law voted by a parliament now elected by universal franchise. It is therefore characterized by the apparent supremacy of the parliament. The study of the public law doctrine from 1879 to 1914 shows that this doctrine is not satisfied with such a system for it regards the parliamentary omnipotence more as a danger than as a safeguard. This calling into question concerns both the theories of sovereignty and of representation. The publicists progressively substitute the more juridical sovereignty of the state for the political theory of national sovereignty. This transfer lessens the importance of both the electorate and the legislative body. All of them wish to limit the effects of the unorganized universal franchise and reestablish the balance of power. Having lost confidence in the virtues of the law and the political guarantees of the etat legal, the publicists try to find in the law a way to preserve the liberal values which they consider threatened by the extension of the suffrage. The judge becomes the main guarantor of freedom and juridical order. The juridical appeals should ensure the people's security against state interventionism and permit the triump of the abstract and juridical "true democracy". Suggested as a solution for all conflicts, politics should be subjected to law because the publicists regard politics as an area of anarchy and individual interests ; law should reintroduce order and rationality into a society transformed by industrialization. Thus the etat de droit seems to be the end of the french revolution and the condition of the effectiveness of public law which in return gives the state the means for its legitimacy.