Thèse soutenue

La représentation du merveilleux dans l'historiographie romaine de l'époque impériale

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Auteur / Autrice : Laurent Mattiussi
Direction : Lucien Jerphagnon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Paris 10

Résumé

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L'omnipresence du merveilleux dans l'historiographie romaine de l'empire ne s'explique pas par les divagations d'une pretendue ''mentalite primitive''. Les historiographes ne manquent pas de soumettre les prodiges a une critique rationaliste et de manifester leur scepticisme. Ils distinguent clairement les processus soumis à la régularité et à la continuité des séries causales, des phénomènes dont l'origine surnaturelle se manifeste par une interruption soudaine du cours habituel des choses. Ils admettent la possibilité de l'illusion, voire de l'hallucination, et élaborent une psycho-sociologie de la rumeur publique qui n'épargne pas leurs sources, parfois soumises à un examen suspicieux. Les individus eux-mêmes et la société dans son ensemble apparaissent divisés: loin d'être unanimes, les réactions à l'égard du merveilleux témoignent d'une tension permanente entre le doute et la croyance. Les historiographes conservent toutefois au merveilleux une place essentielle dans leurs œuvres parce qu'il a un sens et qu'il remplit une fonction positive. Il est l'instrument privilégié d'une transformation de la matière évènementielle qui se trouve élevée à la hauteur du mythe. Le merveilleux illustre le prestige d'un héros, rend sensibles les égarements d'une époque ou fonde l'autorité politique d'un chef. Il joue le rôle d'un révélateur qui permet de déchiffrer les évènements mais aussi de transfigurer la réalité, de la magnifier, et de faire apparaitre de façon saisissante les valeurs qu'elle incarne. Avec le merveilleux, le sacre fait irruption dans l'histoire de Rome; la ville et son destin échappent à la contingence des choses humaines et sont marqués du sceau de la transcendance. C'est enfin parle merveilleux et par la puissance de signification dont il est charge que les historiographes exorcisent le spectre de la banalité.