Thèse soutenue

Le rire et les larmes dans la littérature grecque, d'Homère à Platon

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Dominique Arnould
Direction : Raymond Weil
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études grecques
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR  |  
EN

Les grecs ont remarqué très tôt que le rire et les larmes sont des manifestations antithétiques d'un état émotif qui est souvent le même. La présente thèse les étudie conjointement à travers trois analyses complémentaires fondées sur une étude précise des textes, d'Homère à Platon, et tend à cerner des consensus littéraires. La première partie est consacrée aux émotions individuelles et aux conduites sociales. A cote des surprises de la volonté et de la raison (larmes de la douleur physique et de la peur, rire de l'inattendu), c'est surtout l'importance que l'on attache au statut social qui suscite le rire ou les larmes: le héros pleure quand il est privé de sa time, et c'est pour le priver de cette time que le groupe de ses ennemis rit de lui. Cet aspect caractéristique de la littérature grecque ne doit pourtant pas masquer la part des liens affectifs (rire de séduction et d'accueil, larmes de tendresse et d'amour) ni les notations qui se rapprochent de notre psychologie moderne. La seconde partie s'appuie sur les descriptions sonores et visuelles du rire et des larmes pour préciser le sens et l'emploi des mots grecs, mais aussi pour voir si l'homme est présenté comme actif ou comme passif à l'égard de ses émotions, et montrer comment les vers formulaires homériques ont une influence décisive sur la description et se développent en image souvent reprises dans l'ensemble de la période considérée. Ces vers formulaires créent aussi des séquences narratives qui perdurent jusque chez Platon et Xénophon, à côté de thèmes et de motifs nouveaux dont on examine les plus intéressants (Hérodote, tragédie). La troisième partie est consacrée aux grands débats et aux mythes: débats sur l’homme sensible et le spoudogeloios, sur les pouvoirs de la parole et les nécessités de la politique face aux émotions, mythes étiologiques et rites religieux, rire sardonique, niobe, héliades, pléiades, oiseaux chanteurs des larmes (rossignol, alcyon, cygne). On étudie comment ces mythes servent aussi d'embellissements littéraires, en même temps qu'ils disent la métamorphose de la réaction à une émotion en une émotion éternelle et intemporelle, ou rendent compte de genres littéraires et musicaux (Déméter et l'iambe, le chant de Linos). La conclusion générale étend rapidement la recherche à la littérature postérieure au IVe siècle.