La religion de mallarme : archeologie, anthropologie, utopie
Auteur / Autrice : | Bertrand Marchal |
Direction : | Michel Décaudin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 1987 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Mots clés
Résumé
Comme le relevait t. De wyzewa des 1885, il y a une religion de mallarme, etant entendu que, dans cette religion post-chretienne et contemporaine du wagnerisme, la theologie le cede a la sociologie et a l'anthropologie. Au-dela de la crise metaphysique des annees soixante, au terme de laquelle le poete qui a decouvert que dieu n'est qu'un echo de l'ame entreprend une these vite avortee sur la liaison du langage et du divin, la religion mallarmenne procede d'un livre trop neglige, les dieux antiques. En traduisant cox, dont il detourne incidemment le propos dans le sens de ses conceptions nouvelles du divin, mallarme decouvre dans la tragedie de la nature le modele d'une veritable anthropologie poetique de l'imaginaire. Car cette tragedie n'est pas seulement, comme pour max muller et cox, une frayeur naive de l'ame primitive, mais revele la structure essentielle de l'ame humaine, celle d'un conflit irreductible de lumiere et d'ombre, d'etre et de neant, qui constitue le fond de ce que mallarme nomme la ''religion unique, latente'' de l'humanite. Toutes les divagations tendront alors a mettre au jour, sous les formes diverses des religions contemporaines (du catholicisme au wagnerisme, de la liturgie des concerts dominicaux a celle de la scene), l'archetype imaginaire de la tragedie celeste; mais cette dimension archeologique de l'anthropologie mallarmeenne se double d'une utopie proprement religieuse qui vise a rendre visible au coeur meme de la cite, sous la forme d'un mystere nouveau, la divinite fictive de l'homme telle qu'elle procede de la conscience moderne du neant. Et il n'est pas d'autre instrument pour cette theophanie nouvelle que la poesie, car le mystere de l'homme est d'abord un mystere des lettres: la poesie qui rend sensible, par la metaphore et l'alliteration, la liaison inconsciente de l'ame et des cieux, peut ainsi rever d'un livre qui soit, a l'egal des dieux antiques, une apocalypse solaire.