Thèse soutenue

Pré-retraite et vie associative

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Auteur / Autrice : Monique Legrand
Direction : Henri Hatzfeld
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Nancy 2

Résumé

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Depuis plus d’une décennie (1972), divers systèmes de pré-retraites se sont mis en place dans un contexte de crise industrielle et de mutations technologiques. En Lorraine, les mesures d’âge ont été nombreuses (plus de 60 000 personnes) du faite de la restructuration sidérurgique : la pré-retraite commence ici à 50 ans et est imposée. La pré-retraite licenciement renvoie à un processus de marginalisation qui engendre un sentiment d’obsolescence, de dévalorisation et de vieillissement prématuré. Elle provoque aussi de profonds déséquilibres dans l’identité individuelle et sociale et perturbe la vie quotidienne (perte de repères spatiaux et temporels, crise des valeurs de référence, rupture sociale, etc. ). L’émergence d’associations spécifiques aux pré-retraites (une trentaine en Lorraine) s’inscrit dans un refus d’une assimilation aux retraites et personnes âgées et apparaît comme un mode collectif de réponse aux problèmes individuels. Les associations d’information et de défense des intérêts répondent à l’inquiétude générée par la précarité et la fragilité des statuts (Cf. Absence d’un statut juridique spécifique et autonome) et affirment l’existence sociale du groupe pré-retraite. Les associations de travail bénévole dénoncent l’équation travailleur âgé = travailleur obsolète, en refusant la négation des savoir et compétences professionnelles et répondent ainsi à l’interdiction d’exercer une activité. Les associations d’animation culturelle réduisent les risques d’anomie en recréant de nouveaux cadres de sociabilité. Les trois types d’associations pallient ainsi la défaillance des institutions établies (état, entreprises, syndicats, caisses de retraite…) outre la satisfaction des besoins individuels, elles remplissent plusieurs fonctions sociales (intégration sociale, réduction des risques…) et favorisent de nouvelles pratiques de solidarités (avec les personnes âgées, les jeunes, le tissu économique et associatif local) ; elles légitiment aussi des droits que la société tend à remettre en cause tel le droit au travail. Elles esquissent enfin de nouvelles valeurs collectives, par exemple celle de contribution à la vie sociale.