Approche psychanalytique et métaphysique de la sexualité humaine
Auteur / Autrice : | Michel Recchia |
Direction : | Henri Gouhier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1987 |
Etablissement(s) : | Nancy 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
S'organisant autour de l'opposition entre deux problématiques antinomiques, cette recherche réflexive porte sur la spécificité de la sexualité humaine, sur ses dimensions implicites ou virtuelles, sur sa signifiance centrale. La psychanalyse freudienne met en avant une sexualité de type psychobiologique. Cette conception nous parait très représentative de la modernité mais lacunaire à un niveau supérieur. Le "scientisme" freudien nous parait marqué par une idéologie morale conservatrice, une anthropologie réductrice, une philosophie négativiste. Ont pesé sur lui le darwinisme et tout un champ religieux occidental caractérisé par une spiritualité dualiste qui tend à déprécier et à sous-estimer le corps et les instincts. Une transcendance abstraite et désincarnée a souvent été définie par l'ontothéologie occidentale comme la seule forme possible de transcendance au prix d'une dévaluation de l'immanence, au prix de l'exclusion de l'ordre du divin de la vie, de la nature, de la femme, de la sexualité. A un discours psychanalytique moderne sur le sexe devenu aujourd'hui particulièrement totalitaire et insidieux, il importe d'opposer un autre discours qui est celui du monde de la tradition. De tous temps et sous des formes diverses, l'homme traditionnel a su reconnaitre les rapports très étroits du sexuel au magique, au sacré, au spirituel, au transcendant. (L’arrière-plan doctrinal est alors une spiritualité il semble judicieux d'opposer méthodologiquement le tantrisme à la psychanalyse car le tantrisme se présente lui-même comme l'expression moderne privilégiée des vérités traditionnelles. Le sexe y est donné comme l'un des derniers moyens dont l'homme dispose encore pour s'élever en-dessus de lui-même. Autant la psychanalyse théorise la sexualité comme une force aliénante et subversive, autant le tantrisme la définit comme une force magico-transcendante pouvant "libérer" l'être humain et lui permettre de dissoudre les habituelles limites de sa conscience empirique. . . . (*) le parallélisme doctrinal conduit aussi à un inévitable questionnement d'ordre sociologique sur la régression des singularismes sexuels, sur les mutations rapides et profondes des identités psychosexuelles sur les enjeux cachés des nouvelles mœurs comportementales. (*) à la primordialité sexuelle subpersonnelle mise en relief par le modèle théorique freudien vient faire contraste la primordialité sexuelle suprapersonnelle du tantrisme. En l'être humain, par une dégradation ou inversion démoniaque, la première s'est de plus en plus imposée et substituée à la seconde dans un processus involutif toujours plus accusé