Le mouvement ouvrier chez les mineurs d'europe occidentale (grande-bretagne, belgique, france, allemagne) : etude comparative des annees 1880 a 1914
Auteur / Autrice : | Joël Michel |
Direction : | Yves Lequin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1987 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Résumé
Du milieu du 19eme siecle a 1914, l'economie charbonniere europeenne connait un age d'or pendant lequel se stabilisent, apres une difficile phase de ''frontiere'', des communautes humaines homogenes dont les traits originaux se retrouvent dans tous les bassins de grande-bretagne, de wallonie, du nord de la france et d'allemagne. Grace a l'experience accumulee anterieurement et au retournement de la conjoncture a la fin des annees 1880, les communautes minieres depassent l'ere paternaliste et s'organisent solidement. Partout se cree un meme modele de syndicalisme majoritaire, tres corporatiste, trade-unioniste, assumant toutes les fonctions de parti du travail et couvrant les divers besoins de la communaute, uni internationalement mais a l'ecart des mouvements ouvriers nationaux, et dont les specificites regionales dus a la composition de la main d'oeuvre ou a des attachements ideologiques, notamment religieux, renforcent plus souvent le corporatisme minier qu'ils ne detournent de l'organisation. Ce premier volet envisage donc l'enracinement du syndicalisme minier dans la realite economique et surtout dans le processus de travail hierarchise autour de l'abatteur, qui en fait un syndicalisme de masse et de metier a la fois, ainsi que les rapports entre milieu social regional et contexte national. Produit d'une communaute professionnelle qui le determine etroitement, ce syndicalisme devient aussi projet, d'une elite qui le domine. L'etude biographique collective de cette elite permet de montrer comment l'ideal du ''bon ouvrier'' n'est pas seulement d'origine patronale, comment il renforce le corporatisme, les tendances a la construction d'un appareil et d'une organisation stable et efficace. Dans l'action, le syndicalisme minier est donc, malgre une reputation grevicultrice, apotre du pacifisme a outrance : il est un pionnier de la conciliation, meme si le bilan salarial montre le pietinement de cette methode, et remporte surtout de grands succes legislatifs. Dans la decennie qui precede la guerre, les modifications de l'attitude patronale, les changements techniques et sociologiques affectant la main d'oeuvre, l'ouverture vers l'exterieur, ebranlent ce corporatisme et provoquent reajustements et premieres dissidences.