Thèse soutenue

Périples français en Amérique au XVIIIe siècle : du voyage à l'écriture (formes et significations)

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Pierre Berthiaume
Direction : Jean Sgard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Université Stendhal (Grenoble ; 1970-2015)

Résumé

FR  |  
EN

Bien qu'ils puisent à des traditions anciennes, les récits de voyages sont surtout commandés par les nécessités techniques du périple en mer au XVIIIe siècle. C'est ainsi que le journal de bord constitue le modèle de tout récit de voyage. Au cours du siècle, à cause des pressions exercées par les commis du département de la marine et pour les besoins de la navigation, le journal de mer prend la forme du formulaire administratif. C'est pourquoi, au contraire des rapports manuscrits, les récits publiés d'exploration témoignent du souci de leurs rédacteurs d'intéresser le public, notamment par la dramatisation de l'aventure, l'accentuation du rôle du protagoniste et par des ajustements idéologiques. Dans les relations de voyages (qui portent sur des régions connues), le phénomène s'accentue : apparition de la subjectivité, développement des formes du discours, métamorphose du récit en pur roman. Quant aux célèbres ''lettres'' des missionnaires, elles sont le produit des règles de la compagnie de jésus et le résultat d'une tradition amorcée en Asie dès le XVIe siècle. Ici, le souci d'édification hypothèque l'image qu'on donne de l'''autre'' (l'amérindien), si bien que le discours devient souvent manichéen dans sa perspective. Après 1750, l'esprit scientifique se développe: hypothèses et recherches scientifiques transforment le mode de récit, qui s'apparente de plus en plus aux ''mémoires'' présentes aux académies. De l'évolution de la figure du ''bon sauvage'' et des normes de la description. Au total, entre l'expérience vécue et le récit, s'interposent le discours littéraire et ses lois propres: tout voyage se réduit finalement à des mots.