La mobilité sociale dans le roman anglais de Defoe à Smolett : images et réalités
Auteur / Autrice : | MARCEL PUEL |
Direction : | Michel Baridon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglaises |
Date : | Soutenance en 1987 |
Etablissement(s) : | Dijon |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les évènements majeurs des seizième et dix-septième siècles en Angleterre, contribuèrent à créer un climat d'hostilité à l'ambition plébéienne, au sein des classes dirigeantes. En dépit de la prééminence encore très marquée de la notion de ''gentleman'', l'essor des activités commerciales et financières et des professions libérales et savantes offre des chances de mobilité accrues aux couches moyennes. Ainsi, la distinction entre ''gentleman'' et plébéien devient moins nette et moins incontestable, et malgré une remarquable stabilité de l’élite terrienne, il se perpétue une hostilité prononcée envers l'ascension des gens du commun. Il en résulte une tension entre le conservatisme social et des aspirations plus nombreuses. De Defoe à Smollet les romans majeurs et mineurs présentent la même hostilité aux parvenus et la même inquiétude devant les dangers de la condition féminine. Les romans mineurs ne décrivent pas d'ascension sociale masculine réalisée dans l'exercice d'un métier reconnu. Quelques héroïnes s'élèvent par le mariage et quelques protagonistes masculins connaissent une pseudo ascension sur une terre lointaine ou par le truchement d'une restitution. La régression sociale est rarement définitive : c'est une épreuve, souvent édulcorée par l'éloignement géographique. Les œuvres-phares se distinguent par l'épaisseur sociale et la profondeur psychologique. Le psychisme des origines joue un rôle prépondérant chez Defoe, Fielding et Smollet. Les protagonistes de Defoe, enfants trouvés ou bâtards, accèdent à la prospérité, mais sans faire la preuve de leur intégration. Seul Richardson, avec Pamela, produit le vrai roman de mobilité sociale. Romans majeurs et mineurs sont caractérisés par le retour à la norme dont l'aboutissement est l'idéal du gentilhomme campagnard et dont la mise en œuvre évoque la magie des contes merveilleux. La fiction est donc, dans le domaine de la mobilité sociale, assez éloignée de l'histoire : les protagonistes n'empruntent pas les voies les plus frayées dans la réalité.