Sur la période de transition au socialisme : position des gauches de la IIIe Internationale (1918-1939)
Auteur / Autrice : | Jean Sié |
Direction : | Jacques Poumarède |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance en 1986 |
Etablissement(s) : | Toulouse 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le sens de la dégénérescence de la Révolution russe n'est, ni que le communisme est une utopie, ni que toute révolution devrait connaître son Thermidor, mais que la théorie marxiste n'avait pas atteint une cohérence suffisante pour que le mouvement social révolutionnaire dont elle était l'arme puisse faire face aux immenses difficultés auxquelles il allait se trouver confronté. Des groupes et partis du mouvement ouvrier - affrontant ces difficultés - allaient mettre d'abord le doigt sur certains problèmes que la pratique posait ; plus tard, d'autres allaient apporter des éléments de réponse. Ces critiques et apports théoriques allaient être dans leur ensemble écartés, laissés dans l'ombre. Ce sont d'abord les groupes communistes de gauche en Russie qui, dès le printemps 1918, dénoncent un mode de direction de l'économie qui, affaiblissant la puissance de la domination du mouvement révolutionnaire, aboutit à l'apparition de ''bureaucratie de copinage'' et à l'octroi de la gestion des entreprises à des directeurs non contrôlés. Ensuite la gauche allemande montrera que tout parti communiste qui s'empare de la souveraineté en lieu et place du mouvement tend a le paralyser et par là même à être bien plus vulnérable lui-même à l'idéologie de la classe dominante. C'est enfin la gauche italienne qui indiquera que l'État, n'ayant pour origine que l'existence des classes et pour fonction le maintien de la domination d'une classe sur une autre, ne peut avoir pour but dans la période de transition au socialisme la disparition des classes mais au contraire leur conservation, clé de sa propre inexistence. En conséquence, cet État n'est pas le mouvement social armé mais lui est tendanciellement antagonique. C'est pour cela que toutes les énergies contre-révolutionnaires se sont concentrées en son sein pour détruire le mouvement révolutionnaire russe. La période de transition exige, en conséquence, que tout soit fait pour renforcer le mouvement ouvrier révolutionnaire, ce qui implique une orientation économique allant dans le sens - autant que faire se peut - de l'amélioration des conditions de vie ouvrière. Une telle direction exclut tout régime de capitalisme d'État et tout objectif ''d'accumulation socialiste'' tendant à concurrencer le capitalisme. D'ailleurs, cette direction est la seule menant à l'avènement de rapports communautaires et à la fin des catégories de l'économie marchande.