Thèse soutenue

La police des étrangers en France : essai sur les réformes des régimes juridiques du refoulement et de l'expulsion (1981-1986)

FR
Auteur / Autrice : Nicaise Médé
Direction : Hubert-Gérald Hubrecht
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit public
Date : Soutenance en 1986
Etablissement(s) : Poitiers

Résumé

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L'article 66 de la constitution de la Ve république pose le principe que le juge est le gardien des libertés individuelles. Or, le refoulement et l'expulsion des étrangers constituent des restrictions à la liberté d'aller et de venir de ceux-ci. En tant que tels, ils doivent être de la compétence du juge judiciaire. Cette analyse est restée théorique depuis la publication de l'ordonnance du 2 novembre 1945. L’une et l'autre mesure ressortissaient du seul pouvoir de l'administration, sous réserve du contrôle à posteriori exerce par le juge de l'excès de pouvoir. Les reformes intervenues entre 1981 et 1986 ont quelque peu attenue cet etat du droit positif. D’abord, s'agissant de l'expulsion, la commission départementale exclusivement composée de magistrats participe au processus d'élaboration de la décision avec un pouvoir de veto. L’arrêté d'expulsion n'est certes pas signé par l'autorité judiciaire; toutefois, celle-ci se trouve nantie d'une compétence qui, sans être la traduction littérale de l'article 66 de la constitution, s'en rapproche nettement. Le refoulement, quant à lui, reste in extenso un acte administratif lorsqu'il désigne un refus d'entrée ou refoulement administratif. Par contre quand il s'agit d'une reconduite à la frontière consécutive à un refus de séjour, seul le tribunal correctionnel peut en décider. De sorte que le principe de l'article 66 est préservé. Ces grandes avancées des principes de liberté entre 1981 et 1986 ne peuvent faire oublier certaines hérésies qui perdurent depuis toujours: l'internement administratif, l'exécution d'office, l'exécution par provision des jugements de reconduite à la frontière, le contrôle général et inconditionné de l'identité des étrangers dans le cadre d'une opération de police administrative. . . Au total, les principes de liberté ont davantage pénétré la police des étrangers depuis cinq ans mais des progrès demeurent à faire.