Les formations ponceuses a quartz de la région Sud de Basse-Terre (Guadeloupe) : pétrologie, géochimie, thermobarométrie et chimie des inclusions vitreuses
Auteur / Autrice : | Nicole Gstalter |
Direction : | Directeur de thèse inconnu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Terre, Océan, Espace |
Date : | Soutenance en 1986 |
Etablissement(s) : | Paris 11 |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Paris-Sud. Faculté des sciences d'Orsay (Essonne) |
Jury : | Président / Présidente : Robert Brousse |
Examinateurs / Examinatrices : Robert Brousse, Alexander R. McBirney, Nicole Métrich, Roberto Clocchiatti, Michel Semet, Michel Treuil | |
Rapporteur / Rapporteuse : Nicole Métrich, Michel Semet |
Mots clés
Résumé
L'étude des pyroclastites ponceuses à quartz du Sud de la Basse-Terre, Guadeloupe (Arc insulaire des Petites Antilles) a été entreprise dans le cadre de la prospection géothermique de cette région. Elle avait pour but de replacer l' (les} événement(s) volcaniques(s)ayant donné lieu aux émissions de ces ponces dans leur contexte volcanologique. La présence de phénocristaux de quartz et d'amphibole dans la paragenèse de ces pyroclastites, est l'indice de chambres magmatiques superficielles riches en composés volatils et en fait un objectif de prospection de première importance. D'autre part, leurs affleurements, bien que de faible ampleur pris individuellement, sont largement distribués dans le Sud de l’île. Les études de terrain suggéraient que ces niveaux pouvaient être contemporains et donc servir de repère stratigraphique. Ce fait se devait d’être confirmé par une étude pétrographique et géochimique détaillée. En fait, l'ensemble des produits se répartissent suivant deux lignées évolutives différentes, mises en évidence par l'étude géochimique des éléments majeurs, en traces et celle des verres intracristallins. Les caractères pétrographiques et chimiques plaident en faveur d’un processus d'évolution dominé par la cristallisation fractionnée. Les deux séries évoluent des andésites basiques aux rhyolites. Les principales phases minérales intervenant dans le processus de différenciation, tel qu'il peut être modélisé par l'étude chimique, sont celles qui sont observées en phénocristaux dans les laves : olivine, plagioclase, clinopyroxène, orthopyroxène, titanomagnétite, ilménite, quartz et amphibole. Cette dernière peut être soit absente, soit rare, soit relativement bien représentée. Les rapports Th/Ta de 7 - 11 définis pour les magnas du Sud de la Basse-Terre sont caractéristiques des zones de convergence. L'enrichissement en fer des ponces, leur faible teneur en K20 et leur sursaturation en Si02 les rapprochent des caractères des séries tholéiitiques d'arc. Les deux séries se distinguent par leurs teneurs en alcalins, et leurs concentrations en éléments hygromagmaphiles différentes dans les ''liquides les plus primaires''. Par contre dans ces derniers, les teneurs en éléments de transition sont semblables. Les caractères géochimiques de chaque série nous permettent de les rattacher à deux-ensembles volcaniques : - la chaîne de Bouillante, -l'ensemble volcanique récent, essentiellement le volcan de la Grande Découverte. Ces deux ensembles sont temporellement et géographiquement bien individualisés rendant ainsi caduque la notion de niveau repère des ponces à quartz. Les données géochimiques, permettent d'envisager deux hypothèses sur l'origine des liquides primaires de chaque série : a. Les liquides primaires sont produits à des taux variés partielle d’une homogène. Le liquide primaire de la série du Volcan de la Grande Découverte serait produit à un taux de fusion plus faible expliquant son enrichissement en éléments hygromagmaphiles. B. Les liquides primaires sont produits par la fusion partielle d'une source hétérogène. Les rubanements et autres hétérogénéités, fréquents dans les ponces, font intervenir deux types de paragenèse dont les liquides générateurs sont identifiés à partir de la composition chimique des inclusions vitreuses des phases minérales. L'étude thermique et barométrique de ces mêmes verres intracristallins précise les conditions pression-température de chaque stade de cristallisation. L'ensemble de ces résultats prouve pour chacune des deux séries la syn-éruption de magmas cogénétiques à différents stades de différenciation et suggère l'existence de deux réservoirs magmatiques mis en communication lors des éruptions : - une chambre magmatique ''profonde'' où, à partir d'un liquide andésitique basique riche en eau, cristallisent, olivine (Fo75-77), plagioclase (An84-50), augite (Wo45-40 En38-42), hypersthène (En69-64), titanomagnétite dans une gamme de ratures de 1130°C - 1000°C. Des inclusions fluides riches en H20 sont présentes dans les plagioclases basiques, indiquant qu'à ce stade de l'évolution, le magma est saturé en une phase volatile constituée principalement de vapeur d'eau. La chimie des inclusions vitreuses fixe la PH2O à 3 - 4 kbar et donc la profondeur de ce réservoir à 10 - 12 kilomètres. - une chambre magmatique superficielle où, à partir d'un liquide dacitique à rhyolitique, cristallisent, plagioclase (An50-27), hypersthène, ferrohypersthène (En50-47,5 Wo2,5), titanomagnétite, ilménite et quartz. L'amphibole peut être associée à cette paragenèse. La gamme de température est de 950°C - 810°C, sous des pressions d'eau de 2,5 - 1,8 kbar, probablement inférieures à la pression totale. Notre étude a permis de corréler pétrographiquement et géochimiquement certains niveaux de retombées ponceuses à quartz du versant caraïbe de l'île à ceux de la coulée ponceuse à quartz de Trois Rivières datée à 140. 000 ± 14. 000 ans et à un affleurement de retombées ponceuses à quartz datées à 108. 000 ± 10. 000 ans. Ces datations sont réalisées par thermoluminescence sur le quartz (Blanc, 1983). L'ensemble de ces produits est donc attribué à un épisode éruptif unique du volcan de la Grande Découverte. Les données minéralogiques, géochimiques, thermométriques en parallèle avec la proportion de rubanement présente dans les échantillons permettent de proposer une reconstitution temporelle de cet épisode. En conclusion, nous proposons un mécanisme éruptif général s'appliquant aux deux séries. Le modèle fait intervenir l'interaction entre deux réservoirs magmatiques indépendants, l'un profond (10- 12 km) et l'autre superficiel. Avant l'éruption, ce réservoir superficiel est sous-saturé en éléments volatils. L'augmentation relativement brutale du taux de dégazage du magma profond (par injection vers la surface de celui-ci ?) provoque un enrichissement en volatils du réservoir superficiel, la cristallisation de hornblende et finalement, l'ouverture de ce réservoir vers la surface. La décompression induite provoque la vidange (partielle) de ce réservoir et la syn-éruption de magmas appartenant à ces deux chambres.