Luis Buñuel : le jeu et la loi
Auteur / Autrice : | Marie-Claude Taranger |
Direction : | Jean Rouch |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Cinéma |
Date : | Soutenance en 1986 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Résumé
L'œil tranche d'un chien andalou, le scandale de l’âge d'or : c'est sous le signe de la rupture que se place d'emblée le cinéma de Luis Buñuel. Mais que peut-il y avoir au-delà de la rupture ? Pour répondre, l'enquête se propose de cerner le rapport à l'ordre du cinéma de Buñuel, en recherchant dans son œuvre logiques et cohérences, à partir d'un corpus restreint à trois films : la voie lactée, le charme discret de la bourgeoisie et le fantôme de la liberté. Sont mis en évidence une stratégie de caractère paradoxal et un principe de jeu : les films ne se situent pas en marge de la loi ; au contraire, ils ne cessent de la designer, mais pour l'enfreindre. La description de ce jeu se fait d'abord sur un exemple considère dans sa globalité (le prologue du fantôme de la liberté) ; elle se poursuit par l'examen des divers principes d'ordre auxquels se réfèrent les films. Le premier constat est celui d'une apparente conformité aux cadres familiers de la fiction cinématographique. Que Buñuel fait ensuite exploser : explosion du récit (notamment par une stratégie spécifique de ''perversion de l'unité''), dérèglement de l'énonciation (interdiction du partage entre réel et imaginaire, mise en cause de la notion de vérité). Ultimes recours : la critique sociale et l'''auteur''. La cohérence est alors très proche, sans être cependant définitive : le discours critique s'ouvre à la contradiction, et l'auteur à la fois s'exhibe et se dérobe. Aucun ordre ne fonctionne donc autrement que de façon illusoire ou provisoire. C'est sans doute cette stratégie paradoxale, dont l'ensemble de l'œuvre bunuelienne offre des exemples innombrables et divers, qui a permis au réalisateur de ne renoncer ni au cinéma ni à la rupture, et de poursuivre une entreprise originale, dans laquelle il retrouve ses origines et rencontre son temps.