Thèse soutenue

Kairos : l'à-propos et l'occasion : le mot et la notion, d'Homère à la fin du IVe siècle

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Auteur / Autrice : Monique Trédé-Boulmer
Direction : Jacqueline de Romilly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études grecques
Date : Soutenance en 1987
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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D'Homère à Aristote, le mot et la notion ont connu une évolution complexe. Chez Homère, l'adjectif kairios qualifie un point névralgique du corps dont la blessure peut entrainer la mort. Kairos a d'abord dû désigner un point décisif, défini spatialement puis temporellement, point qui apparait d'emblée comme ambivalent, fatal ou favorable. A l'époque archaïque, chez Hésiode et Pindare, le kairos de l'à-propos est une notion éthique; Pindare en dégage la valeur esthétique en faisant du kairos le principe de sa poétique. Avec le développement des "arts" (technai), la pensée du Ve siècle, confiante dans les pouvoirs de la raison, médite sur le kairos, point d'application du savoir à un monde sans cesse mouvant. Médecine, rhétorique, stratégie et politique cherchent à établir des règles permettant de saisir le kairos, clé du succès. Dans la collection hippocratique le kairos définit un art de la mesure et un art du temps. La notion n'a qu'un rôle restreint chez Hérodote mais occupe une place centrale chez Thucydide : l'histoire de la guerre ou Péloponnèse devient largement une histoire des "occasions" reconnues ou manquées. Au IVe siècle cet optimisme intellectuel s'estompe; Eschine et Démosthène s'opposent sur le rôle du kairos en politique. Dans le domaine de l'art oratoire, Protagoras et Gorgias découvrent la valeur du kairos et de l'eikos (le vraisemblable). A la génération suivante, Alcidamas et Isocrate donnent chacun leur définition du kairos : pour l'un il se confond avec l'art d'improviser; pour l'autre avec l'art du discours écrit qui rivalise alors avec la poésie. . .